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mercredi, 18 juin 2025

Le Slovaque Fico contre l'euthanasie des peuples européens due à la russophobie de Bruxelles

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Le Slovaque Fico contre l'euthanasie des peuples européens due à la russophobie de Bruxelles

Luca Bagatin

Source: https://electomagazine.it/lo-slovacco-fico-contro-leutana... 

Le socialiste slovaque Robert Fico ne lâche pas prise et refuse catégoriquement les diktats d'une UE dirigée par la "majorité Ursula", peu responsable et de droite.

Il avait d'ailleurs déjà, et récemment, renvoyé à l'expéditeur les demandes absurdes de la représentante de la droite estonienne, Kaja Kallas, chargée des affaires étrangères de l'UE, en déclarant: « La haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères, Kaja Kallas, a mis en garde les dirigeants européens contre toute participation aux célébrations du Jour de la Victoire qui se tiendront à Moscou en mai. (...)

Je partirai pour Moscou le 9 mai. L'avertissement de Mme Kallas est-il une forme de chantage ou un signe que je serai puni à mon retour de Moscou ? Je ne sais pas. Mais je sais que nous sommes en 2025, pas en 1939.

L'avertissement de Mme Kallas confirme la nécessité d'un débat au sein de l'UE sur l'essence même de la démocratie. Parmi les problématiques à traiter figurent les événements qui se sont déroulés en Roumanie et en France lors des élections présidentielles, lors des « Maidan » organisés par l'Occident en Géorgie et en Serbie, et la manière dont les abus du droit pénal contre l'opposition en Slovaquie ont été ignorés.

Madame Kallas, je tiens à vous informer que je suis le Premier ministre légitime de la Slovaquie, un pays souverain. Personne ne peut dicter mes mouvements. Je me rendrai à Moscou pour rendre hommage aux milliers de soldats de l'Armée rouge tombés pour la libération de la Slovaquie, ainsi qu'aux millions d'autres victimes de la terreur nazie. Tout comme j'ai rendu hommage aux victimes du débarquement en Normandie ou dans le Pacifique, ou comme j'ai l'intention d'honorer les pilotes de la RAF. Et permettez-moi de rappeler que je suis l'un des rares dans l'Union européenne à affirmer constamment la nécessité de la paix en Ukraine et à ne pas soutenir la poursuite de cette guerre insensée.

Les commentaires de Mme Kallas sont irrespectueux et je m'y oppose fermement".

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Aujourd'hui, le socialiste Fico rejette une fois de plus les diktats de la direction de l'UE concernant l'absurde paquet de sanctions contre la Russie, qui nuirait une fois de plus à l'UE elle-même en mettant fin aux approvisionnements énergétiques russes.

Le nouveau paquet de sanctions préparé par la Commission européenne propose d'interdire les transactions avec les gazoducs Nord Stream de Russie. La Commission a également proposé d'abaisser la limite de prix fixée par le G7 pour le pétrole brut russe à 45 dollars le baril.

Le Premier ministre slovaque Fico s'est toujours opposé à ce qu'il a qualifié de « suicide économique » et a écrit à ce sujet sur les réseaux sociaux :

« La République slovaque ne soutiendra pas le prochain 18ème paquet de sanctions contre la Fédération de Russie à moins que la Commission européenne n'apporte une véritable solution à la situation de crise dans laquelle se trouvera la Slovaquie après un blocage complet de l'approvisionnement en gaz, en pétrole et en combustible nucléaire provenant de Russie ».

Robert Fico dirige le parti socialiste démocratique SMER, qui recueille environ 25% des suffrages et dont le programme rejette les recettes économiques libérales et promeut une économie fondée sur l'intervention publique, la souveraineté nationale, l'euroscepticisme et les politiques anti-immigration, comme l'ont toujours fait tous les partis socialistes historiques du siècle dernier (dont beaucoup ont totalement disparu en Europe ou du moins ont perdu leur leadership), qui refusaient l'exploitation de la main-d'œuvre étrangère à bas coût et promouvaient des politiques de coopération et de partenariat avec les pays du tiers monde et du sud.

On pourrait dire que Fico est le seul véritable leader socialiste de l'UE, avec l'ancien leader travailliste Jeremy Corbyn, aujourd'hui député indépendant au Parlement britannique et très actif dans les luttes pour la paix et contre toute forme d'impérialisme, tout comme l'ancien travailliste George Galloway – tous deux, sans surprise, très critiques à l'égard des pseudo-travaillistes de Starmer, dignes héritiers du pseudo-travailliste Blair; et il faut ajouter l'Irlandais Mick Wallace et l'Allemande Sahra Wagenknecht.

Le socialisme dans l'UE est absent, mais heureusement, il n'est pas totalement inexistant. Ce qui est certain, c'est qu'il n'est pas représenté par la soi-disant « Alliance progressiste des socialistes et démocrates », qui soutient la majorité belliciste et irresponsable d'Ursula.

Roumanie, Portugal et Pologne: trois rendez-vous électoraux importants pour la reconfiguration du paysage politique européen

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Roumanie, Portugal et Pologne: trois rendez-vous électoraux importants pour la reconfiguration du paysage politique européen

Enric Ravello Barber 

Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2025/06/rumania-portu... 

En Roumanie, le processus électoral, qui fut compliqué et controversé, s'est conclu par la victoire du candidat libéral Nicusor Dan sur le nationaliste George Simion au second tour du 18 mai dernier. Le processus électoral roumain a été très contesté en raison de l'annulation du premier tour qui s'était tenu le 24 novembre, lors duquel le candidat nationaliste Calin Georgescu l'avait emporté avec 22% des voix, puis de sa disqualification alors que les sondages le donnaient toujours vainqueur tant au premier qu'au second tour.

Après l'interdiction très controversée de Georgescu de se présenter, le nationalisme roumain a proposé comme candidat George Simion, qui a remporté le premier tour avec une large avance, 40,6% contre 21% pour Nicusor Dan. Le second tour a été marqué par une campagne constante de tous les médias en faveur du libéral Dan, qui n'a pu l'emporter que grâce à la forte mobilisation des électeurs abstentionnistes qui se sont prononcés en sa faveur, après une pression médiatique et une campagne « de la peur » concernant le maintien de la Roumanie dans l'UE.

Simion a dénoncé les ingérences manifestes du gouvernement français dans la campagne électorale, demandant l'annulation de ce second tour, mais le tribunal roumain a rejeté la plainte du candidat nationaliste. La victoire libérale prive les nationalistes de la présidence, mais elle pourrait s'avérer être une victoire à la Pyrrhus, car dans les premiers sondages pour les élections législatives, après les résultats des présidentielles, le parti nationaliste AUR présidé par Simion obtient son plus haut score de popularité avec 35% des intentions de vote (il avait obtenu 18% lors des précédentes législatives). La situation reste ouverte en Roumanie.

Les élections législatives portugaises du 18 mai peuvent se résumer en trois points:

La consolidation de la coalition Alliance démocratique, de centre-droit, comme première force du pays (32,72%), ce qui signifie la reconduction de Luis Montenegro au poste de Premier ministre.

La débâcle de la gauche, extrême et modérée, dans un pays qui a traditionnellement voté dans ce sens, et une évidence. Le signe le plus patent en est l'effondrement du Parti socialiste, autrefois tout-puissant, qui, avec 22,83% des voix et 58 députés, est la deuxième force en termes de votes, mais la troisième en termes de sièges.

L'importante ascension du parti nationaliste CHEGA, avec 22,76% des voix et 60 députés, en fait la deuxième force parlementaire et le premier parti d'opposition. CHEGA est devenu un acteur majeur de la scène politique portugaise quelques années seulement après sa création. Avant les élections actuelles, les sondages ne lui donnaient pas un résultat aussi important, jusqu'à ce que son président André Ventura décide de durcir le message anti-immigration et d'utiliser le concept qui est devenu central dans le discours nationaliste européen : la remigration.

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Karol Nawrocki (50,89 %) (photo), soutenu par le PiS (nationalisme conservateur), sera le prochain président de la Pologne après avoir battu le libéral Tizas Kowski (49,11 %) lors des élections présidentielles du mois de mai dernier.

Sur le plan interne, ce résultat pourrait conduire à une impasse politique, car la cohabitation entre un président nationaliste et le gouvernement libéral de Varsovie dirigé par Tusk pourrait contraindre ce dernier à convoquer des élections. Les résultats obtenus au premier tour par les candidats nationalistes les plus radicaux, Slawomir Mentzen (14%) et Grzegorz Braun (6,7%), sont particulièrement remarquables, car sans leurs voix, Nawrocki, qui est arrivé deuxième au premier tour (29,54%), n'aurait pas pu devenir président de la Pologne.

mardi, 17 juin 2025

Appel: des activistes marxistes veulent coopérer ponctuellement avec l'AfD

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Appel: des activistes marxistes veulent coopérer ponctuellement avec l'AfD

Des intellectuels marxistes réclament un élargissement du mouvement pacifiste, notamment par une coopération ponctuelle avec l'AfD. Les anciennes frontières entre les camps seraient dépassées.

Berlin. – Peu après l'initiative interne de la SPD visant à entamer des négociations de paix avec la Russie, un nouvel appel lancé par le camp de gauche attire l'attention. Des intellectuels marxistes, dont les journalistes Marianne Linke et Sabine Kebir (photos), y réclament un « élargissement du front de la paix », notamment par une coopération ponctuelle avec les forces de l'AfD.

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Soutien aux pacifistes de la SPD

Alors que les politiciens de la SPD qui plaident en faveur de négociations avec la Russie sont critiqués dans leurs propres rangs, le co-président de l'AfD, Tino Chrupalla, a salué cet appel. À peine un jour plus tard, un rapprochement inhabituel s'est produit. Dans un appel signé par des auteurs marxistes, des journalistes et d'autres personnalités, il est demandé de remettre en question les anciennes frontières politiques et de coopérer ponctuellement avec l'AfD afin d'éviter une escalade nucléaire.

Les auteurs remettent ouvertement en question la pertinence actuelle des catégories politiques classiques: même des concepts scientifiques tels que la « gravitation » ont été soumis à des vérifications au cours de l'histoire. « Pourquoi alors la « gauche » et la « droite » [...] seraient-elles immuables ? » Tout comme « rouge », « gauche » est devenu un terme sans signification claire: «susceptible d'être détourné, ambigu et sans fondement scientifique». Compte tenu de la situation politique, il serait plus approprié de parler de visions du monde plus précises.

« Ceux qui ne coopèrent pas maintenant se rendent complices »

Au cœur de l'appel se trouve la crainte d'une troisième guerre mondiale: «Nous, marxistes, nous battons contre ce capitalisme posé comme « dernier mot de l'histoire ». Les signataires sont particulièrement critiques à l'égard de la position de l'OTAN vis-à-vis de la Russie et du « tournant historique » allemand. La confrontation avec la Russie sert à maintenir la domination occidentale. « Cette course à la guerre mondiale risque de plonger l'Allemagne dans un enfer nucléaire. »

Dans ce contexte, il serait erroné d'exclure d'emblée toute coopération avec l'AfD. « Ceux qui renoncent aujourd'hui à explorer les possibilités d'une coopération ponctuelle avec les forces de l'AfD se rendent complices ! »

Accent mis sur les intérêts communs en matière de paix

Sur la question russe, l'électorat de l'AfD apparaît comme un allié potentiel: 86% des électeurs de l'AfD sont favorables à la « paix avec la Russie ».

Les auteurs de l'appel plaident pour que les divergences ne soient ni occultées ni considérées comme un obstacle à des actions communes: «Si, en tant que «gauche», nous manifestons alors aux côtés de la «droite», nous n'hésiterons pas à débattre de manière civilisée des questions en suspens [...] ! »

Le point de référence des marxistes pacifistes reste le prolétariat, y compris pour les non-prolétaires tels que les artistes ou les scientifiques qui, « dans la bonne tradition de Friedrich Engels et Bertolt Brecht », adoptent un « point de vue pro-prolétarien ».

Le patriotisme réévalué

L'appel souligne également un changement dans l'utilisation de termes tels que « patriotisme ». Il rappelle des modèles antifascistes tels que le « Comité national pour une Allemagne libre » ou les combattants espagnols pour la liberté. Les auteurs rejettent l'assimilation réflexive de la conscience nationale au fascisme. Ils affirment: «L'internationalisme n'est pas un blanc-seing pour accuser à la légère les dissidents du mouvement pacifiste de crimes fascistes lorsqu'ils se disent patriotes, attachés à leur nation et fiers de leur patrie».

Défense des droits civils, y compris pour la droite

L'appel ne s'arrête pas aux questions relatives à la manière dont l'État traite les détracteurs de droite. Les auteurs se demandent si la répression étatique contre les militants pacifistes de droite doit être simplement acceptée: «Ne devrions-nous pas aussi nous ranger ponctuellement aux côtés de la «droite» dans les conflits publics et juridiques contre l'arbitraire des autorités?». La pluralité doit, selon eux, s'appliquer également aux dissidents politiques.

À la fin de l'appel, un appel est lancé au mouvement pacifiste pour qu'il se concentre sur le fond : « Ceux qui agissent vraiment à gauche aujourd'hui peuvent parfois se passer du beau mot « gauche » sur leurs stands d'information, s'ils contribuent plus souvent par leurs actions à élargir le front de la paix contre les profiteurs de guerre. » Et il est souligné avec insistance : « « Plus jamais la guerre », c'est maintenant ! »

La députée européenne du FPÖ Petra Steger: « Les discussions à huis clos entre l'UE et les grandes entreprises sont un scandale démocratique ! »

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La députée européenne du FPÖ Petra Steger: « Les discussions à huis clos entre l'UE et les grandes entreprises sont un scandale démocratique ! »

Source: https://www.unser-mitteleuropa.com/169501 

La députée européenne du FPÖ Petra Steger a réagi avec virulence lors de la réunion de la commission de la défense SEDE qui s'est tenue le 3 juin, au cours de laquelle une rencontre avec Brad Smith, vice-président de Microsoft, a eu lieu à huis clos et sans la participation de la majorité des députés.

« Le fait que la commission de la défense de l'UE participe à une réunion secrète et opaque avec un haut représentant d'une entreprise technologique américaine, tout en excluant les députés élus et donc l'opinion publique européenne, est un scandale démocratique sans précédent ! De telles discussions en coulisses sapent la confiance dans les institutions de l'UE », a déclaré Mme Petra Steger.

Les voix critiques sont « exclues »

Selon Petra Steger, le fait que seuls les coordinateurs des groupes politiques aient été invités montre une tendance croissante à éliminer le contrôle parlementaire: « Il s'agit ici manifestement d'une tentative délibérée d'écarter les voix critiques, en particulier lorsqu'il s'agit de questions sensibles liées à la cybersécurité et à l'influence de puissantes entreprises sur notre infrastructure de sécurité. Cela n'a plus rien à voir avec la transparence démocratique. »

Petra Steger, elle-même membre suppléante de la commission SEDE, met également en garde contre l'influence croissante des entreprises transnationales sur les décisions de politique de sécurité dans l'UE : « Si des géants technologiques multinationaux tels que Microsoft sont autorisés à discuter de questions militaires avec des instances européennes à huis clos, sans obligation de rendre des comptes au public, cela constitue un pas dangereux vers une politique pro-technocratique occulte. Il faut une transparence totale et un contrôle parlementaire, pas des accords élitistes conclus en coulisses. »

En conclusion, Petra Steger demande la fin de cette pratique antidémocratique et un retour aux principes fondamentaux du parlementarisme: «L'UE doit se décider: veut-elle une Europe des citoyens ou une Europe des entreprises? Au FPÖ, nous sommes clairement en faveur d'une transparence totale, d'une participation démocratique et de la défense de la souveraineté nationale contre le lobbying des entreprises. »

lundi, 16 juin 2025

Israël/Iran: Quels sont les intérêts de l'Allemagne et de l'Europe?

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Israël/Iran: Quels sont les intérêts de l'Allemagne et de l'Europe?

Quels sont les intérêts politiques et économiques allemands et européens dans le conflit Israël/Iran?

par Wolfgang Hübner 

Quelle: https://pi-news.net/2025/06/israel-iran-was-ist-das-deuts...

Si les équipes nationales de football d’Israël et d’Iran jouaient l’une contre l’autre, les spectateurs allemands pourraient sans problème manifester leur sympathie pour l’une ou l’autre équipe. Les intérêts allemands spécifique, au-delà de la gestion ordinaire du pays, ne seraient en rien affectés. La situation est tout autre si un conflit armé éclate entre ces deux États. Alors, en Allemagne, le conflit ne doit pas forcément être accompagné, du point de vue de l’observateur centre-européen qui, par la force des choses, est éloigné de la zone de grande turbulence, par une sympathie pour l’une ou l’autre partie; la problématique doit dès lors être abordée en posant une question bien précise: dans quelle mesure ce conflit touche-t-il les intérêts allemands (et/ou européens), quel est l’intérêt politique et économique allemand/européen dans ce conflit ?

C’est en tout cas la position et l’approche que devraient adopter les patriotes allemands/européens. Pour eux, la priorité doit demeurer la suivante: les guerres qui peuvent nuire à notre pays ne vont en principe jamais dans l’intérêt allemand/européen. L’attaque israélienne contre l’Iran, selon la version officielle qu'en donne l’administration Trump, sans encore apporter son soutien, comporte un fort potentiel de dommages et d’escalade, aussi pour l’Allemagne et pour les nations européennes. Non seulement cela entraînera des coûts énergétiques plus élevés pour tous les ménages et pour l'industrie, mais apportera aussi de nouveaux flux de réfugiés et des troubles internes venant de la minorité musulmane, entre Flensburg et Constance (entre Dunkerque et Brest-Litovsk, entre Copenhague et Palerme).

Indépendamment des deux gouvernements de Jérusalem et Téhéran, qui posent aujourd'hui problème, il est dans l’intérêt allemand/européen d’entretenir de bonnes relations à la fois avec Israël et avec l’Iran. Les relations particulières, historiquement dues, avec Israël n’imposent en aucune façon de soutenir des attaques et des raids contre d’autres États. L’Iran doit demeurer un interlocuteur à part entière de l’Allemagne et des autres Etats européens  qui doivent lui demander de ne pas propager leur volonté, autodestructrice en ultime instance, de détruire l’État juif. Mais nous ne pouvons pas non plus empêcher l’Iran de se défendre vigoureusement contre une attaque et de rendre coup pour coup.

C’est un signe d’immaturité politique et d’ignorance de ses propres intérêts nationaux que d'énoncer des déclarations unilatérales de sympathie et de soutien dans ce conflit actuel et de les diffuser, notamment par le biais de représentants de l’extrême droite extra-parlementaire ou du parti national-conservateur qu'est l’AfD. Quatre-vingts ans après la fin de la guerre, dans un monde qui évolue rapidement et de manière dramatique, ce ne doivent jamais être des motivations émotionnelles ou morales qui doivent prévaloir, mais l’intérêt national à long terme. Seuls les vrais patriotes doivent décider.

L'Ukraine et la perte insidieuse de la souveraineté allemande en matière de défense - Entretien avec Gerold Otten

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L'Ukraine et la perte insidieuse de la souveraineté allemande en matière de défense

Entretien avec Gerold Otten

Propos recueillis par Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/06/die-ukraine-und-der-schleiche...

« Le financement de la production d'armement d'un autre État est quelque chose d'inouï », déclare Gerold Otten, député AfD au Bundestag et ancien pilote de chasse de la Bundeswehr, dans une interview accordée à PI-NEWS.

Selon les médias, le gouvernement fédéral allemand finance le développement de missiles ukrainiens à longue portée pouvant atteindre 2500 km, fabriqués sur le sol ukrainien, sans technologie allemande, mais avec des fonds allemands. Elena Fritz, rédactrice chez PI-NEWS, s'est entretenue à ce sujet avec Gerold Otten, député AfD au Bundestag et ancien pilote de chasse de la Bundeswehr.

PI-NEWS : Monsieur Otten, seriez-vous d'accord pour dire que le gouvernement fédéral allemand entre délibérément dans une zone grise en finançant des missiles ukrainiens à longue portée afin de contourner le contrôle classique des projets d'armement militaire ? Et comment évaluez-vous cela au regard du droit international, notamment en ce qui concerne l'effet contraignant du traité 2 + 4 et de la Charte des Nations unies ?

GERALD OTTEN : Le financement de la production d'armement d'un autre État est quelque chose d'inouï, car cela n'a jamais été fait auparavant. Le contrôle parlementaire classique (appelé « BMF-Vorlagen ») ne concerne que les achats pour la Bundeswehr. Il s'agit donc effectivement d'une zone grise, même si le Bundestag allemand a théoriquement la possibilité d'empêcher ce paiement grâce à son droit en matières budgétaires. Je me demande si ce n'est pas une manière détournée de vendre des technologies de pointe à l'Ukraine ou s'il ne s'agit pas d'un moyen de contourner le débat public sur la livraison de missiles. De ce point de vue, la mesure annoncée par le chancelier Merz revêt avant tout une importance politique au niveau national.

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En ce qui concerne les implications en matière de politique étrangère, le financement ne devrait pas enfreindre le traité 2 + 4. Certes, celui-ci interdit à l'Allemagne réunifiée de mener des guerres d'agression, mais cette disposition est directement tirée de la Charte des Nations unies et ne s'applique pas spécifiquement à l'Allemagne. L'Allemagne ne mène pas non plus de guerre d'agression. Au contraire, dans ce cas également, l'opinion selon laquelle cette mesure, tout comme les livraisons d'armes à un État attaqué, est conforme au droit de légitime défense prévu par la Charte des Nations unies (art. 51), lequel devrait prévaloir. Si la Russie invoquait cette mesure pour dénoncer le traité 2 + 4, cela n'aurait aucune conséquence juridique, car le traité ne contient aucune clause de dénonciation et la Russie n'agirait pas en accord avec les trois autres parties au traité. En droit international, la responsabilité de l'utilisation de systèmes d'armes à longue portée incombe à l'Ukraine, tant qu'elle sert à la légitime défense d'un État attaqué. Ce droit à la légitime défense inclut objectivement la destruction des infrastructures militaires sur le territoire de l'agresseur.

Le cofinancement actif par l'Allemagne d'armes offensives ukrainiennes ne peut-il pas être interprété comme un « danger renaissant », en particulier par la Russie, et conduire ainsi théoriquement à une escalade en matière de politique de sécurité en invoquant la clause relative aux États ennemis ?

De manière générale, la clause relative aux "États ennemis (des Nations Unies - dont l'Allemagne fait toujours partie, ndt)" est obsolète sur le plan juridique et politique. En tant que membre de l'ONU, l'Allemagne bénéficie, comme tout autre membre de l'ONU, d'une protection juridique contre les attaques militaires (conformément à l'interdiction du recours à la force, art. 2, al. 4). Il est vrai que la clause des États ennemis (art. 53 et 107) fait toujours partie de la Charte des Nations unies. Si tel est toujours le cas, c'est en raison de la complexité d'une modification (il faudrait l'accord de tous les membres à part entière et des deux tiers de tous les membres). De plus, bien que la suppression de cette clause soit un objectif de la politique allemande, elle n'est pas prioritaire, car la clause des États ennemis n'a plus d'importance politique ou juridique au niveau international. À cet égard, il est fait référence à une résolution de la 50ème Assemblée générale des Nations unies du 11 décembre 1995, selon laquelle « les clauses relatives aux « États ennemis » figurant aux articles 53, 77 et 107 de la Charte sont devenues caduques compte tenu des changements profonds qui se sont produits dans le monde ».

La clause des États ennemis ne fournit aucune base pour mener des actions militaires contre un membre de l'ONU qui, comme beaucoup d'autres membres de l'ONU, agit dans le cadre de la Charte des Nations unies. Il s'agirait d'une interprétation unilatérale, et une action militaire contre l'Allemagne serait interprétée par l'OTAN comme un acte d'agression contre un allié, ce qui entraînerait l'application de l'article 5 du Traité de Washington (OTAN).

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Jusqu'à présent, l'OTAN s'est toujours efforcée d'éviter toute escalade, en particulier en ce qui concerne les systèmes d'armes susceptibles de menacer le cœur du territoire russe. En soutenant la fourniture d'armes offensives ukrainiennes dont la portée dépasse largement les frontières de l'Ukraine, l'Allemagne n'est-elle pas en train de s'écarter du consensus de l'alliance en matière de politique de sécurité, risquant ainsi une rupture stratégique avec les États-Unis ?

Le fait est que l'Allemagne n'est pas le seul pays à avoir fourni des systèmes d'armes à longue portée à l'Ukraine, d'autres pays de l'OTAN l'ont également fait. La Grande-Bretagne et la France ont fourni des Storm Shadow/Scalp à l'Ukraine et les États-Unis des missiles ATACMS, qui ont déjà été utilisés contre le territoire russe. Dans ce contexte, on ne peut pas parler d'un abandon du consensus de l'OTAN en matière de politique de sécurité, mais plutôt d'une confirmation officielle par Merz de ce qui est déjà la pratique des partenaires de l'OTAN qui soutiennent l'Ukraine dans sa lutte défensive contre la Russie.

En finançant un programme ukrainien et indépendant prévoyant l'utilisation de missiles, Berlin ne se contente pas de donner de l'argent, mais cède également de facto le contrôle à un tiers. Partagez-vous l'avis selon lequel nous ne saurons même plus à l'avenir contre qui les armes développées avec des fonds allemands seront utilisées ? Et n'est-ce pas là la perte de contrôle la plus dangereuse en matière de politique de sécurité depuis la création de la Bundeswehr ?

En droit international, la situation est telle que l'Ukraine, en tant qu'État souverain, peut utiliser les armes financées ou transférées comme le prévoit la Charte des Nations unies (art. 51). Il n'est pas possible d'exercer un contrôle direct sur l'utilisation des armes, d'autant plus si l'argent est utilisé pour développer les capacités de production des missiles ukrainiens ou pour les perfectionner. La condition imposée jusqu'à présent pour les exportations d'armes, à savoir la clause dite de destination finale, qui oblige les acheteurs à accepter des contrôles sur la destination finale des équipements militaires allemands, ne s'applique pas dans le cas présent.

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Officiellement, l'Allemagne aide l'Ukraine « à se défendre ». Mais en réalité, elle finance désormais des armes offensives qui permettent également des frappes préventives, risquant de provoquer une dangereuse escalade. Selon vous, avons-nous depuis longtemps franchi le seuil d'une participation cachée à la guerre et, si oui, quelles pourraient en être les conséquences en matière de droit international et de politique de sécurité ?

La distinction entre armes défensives et offensives est une chimère. Tous les systèmes d'armes peuvent être utilisés dans les deux scénarios, c'est pourquoi c'est l'acte d'utilisation qui détermine s'ils sont utilisés à des fins offensives ou défensives. En ce qui concerne la participation à la guerre, les documents pertinents du droit international public fournissent un cadre clair: l'article 2, paragraphe 4, de la Charte des Nations unies interdit en principe le recours à la force militaire, sauf dans le cadre de la légitime défense (article 51 de la Charte des Nations unies), auquel cas même les États neutres peuvent soutenir un État attaqué en fournissant des moyens financiers et des équipements militaires. Les Conventions de La Haye de 1907 (ici explicitement la « Convention concernant les droits et devoirs des puissances et des personnes neutres en cas de guerre terrestre ») ne peuvent s'appliquer à la guerre en Ukraine, car l'Assemblée générale des Nations unies a condamné la Russie en tant qu'agresseur. C'est pourquoi de nombreux États membres de l'OTAN et de l'UE, y compris l'Allemagne, ne se sont pas déclarés neutres, mais ont apporté leur soutien à l'Ukraine dans le cadre de l'article 51 de la Charte des Nations unies.

Il est donc légal et légitime, au regard du droit international, de soutenir un État attaqué en lui fournissant de l'argent et des armes. Quant à savoir si cela est politiquement opportun, c'est une autre question.

Depuis 1945, la raison d'État allemande consistait à ne pas déclencher d'escalade militaire indépendante, à ne pas promouvoir de systèmes d'attaque et à ne pas mener de projets d'armement sans contrôle parlementaire. Diriez-vous que ce gouvernement, avec la bénédiction du chancelier fédéral, est en train d'abolir ces principes fondamentaux – et que l'AfD a non seulement le droit, mais aussi le devoir de s'y opposer haut et fort et publiquement ?

Notre opposition doit être politique et avoir pour objectif de parvenir à une paix négociée sur la base de la reconnaissance des intérêts légitimes des parties. Il est positif que l'on discute désormais concrètement des conditions d'un cessez-le-feu, même si les points de vue des deux parties belligérantes sont très divergents. La politique allemande sous Merz s'inscrit dans la politique de l'OTAN et de l'UE et ne peut donc être considérée comme une particularité. En même temps, en réduisant son influence en matière de politique étrangère, l'Allemagne se prive de la possibilité de jouer le rôle de médiateur honnête entre les parties belligérantes et de soutenir de manière crédible les éventuelles initiatives du gouvernement américain.

dimanche, 15 juin 2025

Douche glacée à Varsovie

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Douche glacée à Varsovie

par Georges Feltin-Tracol 

Les plumitifs de la presse subventionnée de grand chemin jubilaient le mois dernier. Satisfaite de la victoire présidentielle du maire libéral de Bucarest, le 18 mai, grâce à une forte ingérence numérique occidentale, française en particulier, la cléricature médiacratique souhaitait que le poulain de l’actuel premier ministre polonais, l’extrême centriste Donald Tusk, Rafal Trzaskawski, déjà candidat battu en 2020, évinçât le candidat national-conservateur présenté par PiS (Droit et Justice), Karol Nawrocki (photo).

L’espoir du système médiatique d’occupation mentale était fondé au soir du premier tour, ce même jour. Avec 31,36 %, Rafal Trzaskawski arrivait en tête. Mais Karol Nawrocki le talonnait à 29,54 %, soit un écart de 1,82 point ! Le report des suffrages pour le second tour du 1er juin se révélerait décisif. Outre cette maigre différence, deux enseignements supplémentaires rendaient les spéculations électorales bien hasardeuses.

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Les trois candidats de gauche ne recueillent que 10,18 %. Aucun ne dépasse 5 %. La gauche tant dans sa version sociale-démocrate que dans sa variante radicale devient une force marginale d’appoint guère certaine. Quant aux trois candidats de droite radicale, ils cumulent à 21,92 % des voix. Ce résultat constitue la grande surprise du premier tour.

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Troisième au soir du 18 mai, Slawomir Mentzen (photo) récolte 14,81 %. Il représente la Confédération Liberté et Indépendance. Fondée en 2018, cette coalition politique compte seize députés et cinq euro-députés dont trois membres à l’Europe des nations souveraines et deux aux Patriotes pour l’Europe. Elle regroupe Nouvel Espoir, le Parti des chauffeurs, la Ligue nationale, l’Union des familles chrétiennes et le Mouvement national. Des différences programmatiques entre les alliés ne nuisent pas à l’entente: le Mouvement national tend vers le national-populisme alors que Nouvel Espoir se veut libéral-conservateur. Mentzen a séduit un électorat jeune ou primo-votant lassé du bipartisme entre la Plateforme civique d’extrême centre et PiS, et intéressé par ses propositions libertariennes en prenant exemple sur Elon Musk et la TechnoBro d’inspiration minarchiste (un État limité à ses seules fonctions régaliennes).

Arrivé en quatrième position avec 6,34 %, Grzeorgorz Braun représente la Confédération de la Couronne polonaise (deux députés et un euro-député non-inscrit). Créée en 2019 et alliée à la Confédération Liberté et Indépendance avant d’être exclue cette année pour radicalité élevée, cette Confédération de la Couronne polonaise a bénéficié de l’appui du Congrès de la Nouvelle Droite. Non, les rédactions d’Éléments, de Nouvelle École et de Krisis n’ont pas déménagé à Varsovie ! Lancé en 2011 par l’excentrique Janusz Korwin-Mikke (photo, ci-dessous), ce Congrès de la Nouvelle Droite, affilié au Parlement européen à Identité et Démocratie, s’affiche libéral et conservateur. Son libéralisme est parfois surprenant avec sa volonté de légaliser toutes les drogues. Usant d’un argumentaire libertarien, Braun perd 78.918 voix par rapport à Krzysztof Borak, candidat en 2020 (6,78 %).

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N’obtenant que 0,77 %, Marek Jakubiak anime les Républicains libres, une scission nationaliste du PiS. Héritier du nationaliste russophile ethno-polonais Roman Dmowski (1864 – 1939), ce candidat ne cache pas son scepticisme envers les idées libertariennes et le conservatisme libéral. Il faut toutefois rappeler qu’à l’occasion de la première élection présidentielle à l’automne 1990, le futur président Lech Walesa affronta au second tour l’homme d’affaire canadien, Stanislaw Tyminski, par ailleurs chef du groupusculaire Parti libertarien du Canada.

Acceptant de discuter sur Internet avec Slawomir Mentzen, les deux finalistes démontrent leur envie de draguer ses électeurs. Si Trzaskawski reste lui-même face à son contradicteur et déroule son discours libéral-progressiste destiné en premier lieu à ses électeurs urbains, Nawrocki, ouvertement atlantiste et fan du MAGA trumpiste, diaspora polonaise outre-Atlantique oblige, accepte toutes les conditions de son interlocuteur devenu faiseur de président dont le refus que l’Ukraine adhère à l’Union dite européenne, que l’armée polonaise intervienne là-bas et le rejet d’introduire l’euro en Pologne.

Il faut attendre la matinée du lundi 2 juin pour apprendre l’élection de Karol Nawrocki à la présidence à 50,89 % contre 49,11 % pour Trzaskawski, soit la plus faible différence de l’histoire de l’élection présidentielle en dépit d’une diminution de l’abstention (28,37 % au lieu de 32,69 % au 1er tour). Certes, Nawrocki a su attirer vers lui la grande majorité des électeurs de droite radicale. Il a aussi su catalyser la colère des catégories populaires irritées par la campagne de presse anti-Nawrocki. En effet, pendant la campagne électorale, la presse menteuse n’a pas cessé de dénigrer le candidat du PiS au point de pratiquer un racisme de classe. Elle a accusé le directeur de l’Institut de la mémoire nationale de proxénétisme et de s’être battu lors de quelques rixes. Cette campagne négative s’est retournée contre ses auteurs.

Investi le 6 août prochain, Karol Nawrocki entend saper le gouvernement de Donald Tusk et de favoriser le retour au pouvoir du PiS. Le futur chef d’État polonais dispose d’un droit de véto sur toutes les lois. Ce véto ne peut être annulé que par un vote de la Diète à la majorité qualifiée des trois cinquièmes. La cohabitation va donc se poursuivre et elle risque de devenir électrique d’autant que le gouvernement Tusk repose sur une alliance instable entre la gauche, les centristes agrariens et les libéraux. Toutefois, la faible avance montre l’existence d’un antagonisme intérieur qui s’apparente à une guerre culturelle majeure, voire à une « guerre civile froide ». PiS appartient cependant aux Conservateurs et réformateurs européens. L’audience continentale de l’Italienne Giorgia Meloni s’accroît par conséquent.            

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 160 , mise en ligne le 10 juin 2025 sur Radio Méridien Zéro.

Conflictualité sans boussole : pourquoi une politique de paix stratégique n'est pas un recul

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Conflictualité sans boussole : pourquoi une politique de paix stratégique n'est pas un recul

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/06/konflikt-ohne-kompass-warum-s...   

Dans un article récent publié sur Apollo News, Max Mannhart évoque « l'erreur de la droite sur l'Ukraine » (cf. https://apollo-news.net/der-historische-ukraine-irrtum-von-rechts/ ), reprochant aux voix conservatrices de méconnaître la situation stratégique et de se réfugier dans une dangereuse illusion irénique

Dans le débat sur les politiques étrangère et de sécurité allemandes, un consensus remarquable s'est établi: ceux qui ne soutiennent pas l'aide militaire à l'Ukraine sont considérés comme naïfs, bercés d'illusions ou virtuellement « pro-Poutine ». Ce cadre discursif se déplace de plus en plus vers les milieux conservateurs du centre.

Récemment, un article très remarqué a évoqué « l'erreur de la droite sur l'Ukraine », reprochant aux voix conservatrices de méconnaître la situation stratégique et de se réfugier dans une dangereuse illusion irénique. Une telle critique est légitime. Elle mérite toutefois une analyse précise, non pas pour des raisons tactiques, mais pour des raisons stratégiques. Car derrière la demande de fournir toujours plus d'armes, d'exercer de plus en plus de pression, de montrer de plus en plus de « fermeté » se cache un discours sur la politique de sécurité qui n'est plus que partiellement compatible avec la réalité.

La faisabilité militaire comme dogme

Le point central de l'argumentation est la thèse selon laquelle la Russie ne serait prête à négocier que sous la pression militaire. Cette affirmation n'est pas nouvelle: elle imprègne la communication officielle de l'OTAN depuis le début de la guerre. Elle suppose qu'une Ukraine militairement inférieure, équipée de systèmes d'armes occidentaux, pourrait améliorer ses conditions de négociation face à une grande puissance continentale européenne disposant d'une couverture nucléaire et d'une défense stratégique en profondeur. Cette prémisse contredit toutefois la situation stratégique sur le terrain.

Depuis l'automne 2023, le conflit se meut dans une large mesure dans une impasse opérationnelle. Malgré un soutien occidental massif, les forces armées ukrainiennes n'ont pas réussi à inverser la tendance sur le plan opérationnel. Les contre-offensives de l'été 2023 n'ont eu aucun effet structurel. Malgré tous ses problèmes internes, la Russie a consolidé sa position le long des lignes de front. L'idée selon laquelle il serait possible d'« amadouer » la Russie sur le plan militaire et de la contraindre à négocier est donc dénuée de fondement factuel. À y regarder de plus près, elle est davantage motivée par des considérations politico-psychologiques que stratégiques.

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La question cruciale : dans quelles conditions la Russie serait-elle disposée à négocier ?

Un deuxième point problématique dans le débat actuel est l'objectif implicite. La demande de livraisons d'armes n'a de sens sur le plan stratégique que si l'on sait clairement à quoi elles doivent servir et quel est l'objectif final qui serait politiquement réaliste. Or, c'est précisément là que le discours reste vague.

Faut-il chasser complètement la Russie des territoires occupés depuis 2014? L'Ukraine doit-elle être intégrée à l'OTAN, malgré les risques systémiques? Ou s'agit-il d'obtenir la meilleure position de négociation possible dans le cadre d'un cessez-le-feu à définir? Sans définition d'objectifs, toute mesure en reste à une sorte de politique symbolique. Or, une stratégie qui ne nomme pas ouvertement ses objectifs perd de sa légitimité, tant sur le plan intérieur qu'extérieur.

La Russie en tant qu'acteur systémique, et non en tant que variable

Un troisième angle mort perceptible en de nombreuses analyses sur l'Ukraine réside dans l'idée que la Russie est un partenaire de négociation prévisible et rationnel au sens occidental du terme. En réalité, l'action russe suit sa propre logique stratégique, ancrée dans une structure géopolitique profonde. Pour Moscou, l'Ukraine n'est pas un « État voisin », mais un tampon en matière de politique de sécurité – sur les plans historique, culturel et militaire.

L'adhésion de Kiev à l'OTAN n'est pas considérée en Russie comme une décision diplomatique, mais comme une menace existentielle. Que l'on partage ou non ce point de vue est secondaire. Ce qui est déterminant, c'est que ceux qui l'ignorent ne mènent pas une politique étrangère, mais se livrent à une projection de nature morale. Une solution à la guerre en Ukraine passe par la reconnaissance de cette perception stratégique, et non par sa délégitimation.

La perspective conservatrice : une politique d'intérêts plutôt qu'une illusion

Dans ce contexte, la position des acteurs conservateurs, qui sont sceptiques à l'égard des livraisons d'armes et misent sur la diplomatie, n'apparaît pas comme une « erreur », mais comme une tentative de ramener le conflit dans le cadre de la Realpolitik.

Le recours à la pensée classique en termes d'intérêts, de zones d'influence et de perceptions liées à la sécurité ne constitue pas un retour en arrière, mais une correction nécessaire du moralisme qui remplace le contrôle politique par l'indignation publique.

Ceux qui exigent que la Russie « perde » ne donnent pas de réponse concrète à la question de savoir ce que cela signifie exactement et comment cet objectif peut être atteint avec des moyens calculables sans franchir le seuil d'une escalade systémique. Ce sont précisément les positions conservatrices qui mettent en garde contre une extension du conflit sur le sol européen et misent sur des formes d'intervention diplomatique. Ces voix sont peut-être sous-représentées dans le discours médiatique. Mais contrairement à la rhétorique belliciste, elles apportent ce qui compte dans la crise: des options d'action.

Conclusion : la sécurité ne vient pas des vainqueurs, mais de l'équilibre

La guerre en Ukraine n'est pas un duel moral, mais un conflit stratégique entre deux systèmes ayant un impact mondial. Elle ne peut être résolue par des déclarations d'intention, mais par la gestion des intérêts, la minimisation des risques et la marge de manœuvre dans les négociations. Ceux qui présentent la politique de paix conservatrice comme un abandon de responsabilité méconnaissent le fait que la capacité à s'imposer des limites stratégiques n'est pas un signe de faiblesse, mais l'expression d'une sagesse politique. Dans une situation où aucun objectif militaire ou politique ne peut être clairement défini, continuer à s'armer n'est pas courageux, mais irresponsable.

Voir aussi :

« Alexander Wallasch : l'erreur historique de la gauche concernant l'Ukraine - https://www.alexander-wallasch.de/gastbeitraege/der-historische-ukraine-irrtum-von-links-dieser-krieg-wird-deutschland-ruinieren

Le Royaume-Uni se prépare à la guerre

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Le Royaume-Uni se prépare à la guerre

Léonid Savin

Le 2 juin, le gouvernement britannique a publié le rapport naguère promis sur sa stratégie de défense, ce qui a donné un document de 140 pages présentant sa vision du développement des forces armées du pays, leur utilisation et les menaces qui pèsent sur le Royaume-Uni.

Le préambule souligne que « la menace à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui est plus grave et moins prévisible que jamais depuis la guerre froide. La Grande-Bretagne est confrontée à la guerre en Europe, à l'agression croissante de la Russie, à de nouveaux risques nucléaires et à des cyberattaques quotidiennes sur son propre territoire. Nos adversaires coopèrent de plus en plus entre eux, tandis que les technologies transforment les méthodes de guerre. Dans la guerre en Ukraine, les drones tuent plus de personnes que l'artillerie traditionnelle, et celui qui dotera le plus rapidement ses forces armées de nouvelles technologies aura l'avantage ».

Il est ensuite question d'un « changement majeur dans notre stratégie de dissuasion et de défense : le passage à une posture de préparation opérationnelle pour dissuader les menaces et renforcer la sécurité dans la région euro-atlantique. Alors que le Royaume-Uni assume davantage de responsabilités en matière de sécurité européenne, nous devons adhérer à la politique de défense « l'OTAN d'abord » et jouer un rôle de premier plan au sein de l'Alliance nord-atlantique. Le Royaume-Uni deviendra un leader en matière d'innovation au sein de l'OTAN ».

En bref, la nouvelle stratégie prévoit quatre axes qui devraient conduire à un certain effet de synergie.

Premièrement : le passage à l'état de préparation au combat — la création de « forces combinées » plus meurtrières, équipées pour l'avenir, et le renforcement de la défense nationale.

Deuxièmement : le moteur de la croissance économique — la création d'emplois et la prospérité grâce à un nouveau partenariat avec l'industrie, à des réformes radicales dans le domaine des achats et au soutien aux entreprises.

Troisièmement : « L'OTAN avant tout » : renforcer la sécurité européenne en assumant un rôle de premier plan au sein de l'Alliance, en renforçant le potentiel nucléaire, en utilisant les nouvelles technologies et en modernisant les armes conventionnelles.

Quatrièmement : une approche axée sur l'ensemble de la société: élargir la participation à la sécurité du pays et renouveler le contrat avec ceux qui servent.

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Les responsables du groupe chargé de la préparation du document étaient George Robertson (photo), ancien secrétaire général de l'OTAN, le général Richard Barrons, ancien chef du commandement interarmées britannique, et Fiona Hill, issue du monde universitaire. Elle possède également la nationalité américaine et a travaillé à la Maison Blanche, où elle coordonnait la politique à l'égard de la Russie et de l'Europe au sein du Conseil national de sécurité des États-Unis.

Tous trois développent des opinions assez russophobes, ce qui a influencé le style de la stratégie et les termes utilisés dans celle-ci.

La Russie est mentionnée 33 fois dans le document, dans un contexte clairement négatif : « La Russie mène une guerre sur notre continent », « l'agression croissante de la Russie et les nouveaux risques nucléaires », « l'agression russe en Europe s'intensifie », « la Russie démontre sa volonté d'utiliser la force militaire, de nuire à la population civile et de menacer d'utiliser des armes nucléaires pour atteindre ses objectifs », etc.

En dressant la liste des menaces, les auteurs de l'étude tirent une conclusion sans équivoque : la Russie est une « menace immédiate et urgente ». Vient ensuite la Chine, qualifiée de « défi complexe et persistant ».

Parmi les autres menaces figurent la Corée du Nord et l'Iran, qualifiés de « destructeurs régionaux ». Dans le même temps, le renforcement des liens entre la Russie et la Chine avec ces deux pays se voit souligné, ce qui crée une nouvelle dynamique, et « les États émergents de taille moyenne peuvent être hostiles aux intérêts de la Grande-Bretagne ».

Cette étude rappelle des stratégies similaires élaborées aux États-Unis, où les quatre États mentionnés apparaissent constamment comme des menaces depuis l'époque de Barack Obama.

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Cependant, la section consacrée aux défis technologiques donne le même sentiment de déjà-vu: elle énumère les technologies quantiques, l'hypersonique, les armes de haute précision, les robots, les cybermenaces, l'intelligence artificielle, les armes à énergie dirigée et la bio-ingénierie.

Il en va de même pour la section consacrée à la concurrence stratégique. Le rapport fait référence à un changement de priorités dans l'approche des États-Unis et propose de suivre la même voie, confirmant ainsi le statut de partenaire militaro-politique junior de Washington.

Et la concurrence stratégique, comme indiqué, est directement liée à la multipolarité croissante, où l'on mentionne à nouveau la Chine et la Russie, qui remettent en cause « l'ordre international fondé sur des règles » (tous les libéraux-mondialistes répètent ce mantra).

Mais ce ne sont là que des fleurs, comme on dit. Voici ce que les auteurs de l'étude envisagent de cultiver en proposant leurs prévisions sur l'évolution de la situation.

« Sur la base des méthodes de guerre existantes, si le Royaume-Uni mène une guerre entre les États membres de l'OTAN en 2025, il peut s'attendre à être soumis à certaines ou à toutes les méthodes d'attaque suivantes.

  • Attaques contre les forces armées au Royaume-Uni et dans les bases étrangères.
  • Attaques aériennes et balistiques (à l'aide de drones à longue portée, de missiles de croisière et de missiles balistiques) visant les infrastructures militaires et les infrastructures nationales critiques au Royaume-Uni.
  • Tentatives visant à déstabiliser l'économie britannique, en particulier l'industrie qui soutient les forces armées, notamment par le biais de cyberattaques, de blocus maritimes et d'attaques contre les infrastructures spatiales critiques.
  • Augmentation des cas de sabotage et de cyberattaques touchant les infrastructures critiques internes et externes.
  • Tentatives de manipulation de l'information dans le but de saper la cohésion sociale et la volonté politique.

En ce qui concerne les vulnérabilités spécifiques, le rapport souligne la dépendance de l'île à l'égard des câbles Internet sous-marins, des importations alimentaires (environ 50 %), du gaz naturel norvégien, ainsi que la nécessité d'accéder à des métaux rares.

Outre la réorganisation de la structure des forces armées afin d'améliorer l'intégration des différentes branches de l'armée, le rapport mentionne le développement du secteur de la défense et la formation de personnel technique. Il souligne que la création de plates-formes pour les chars et les avions nécessite un cycle d'au moins cinq ans, tandis que le développement de petits systèmes tels que les drones peut prendre plusieurs mois.

Il est prévu de créer un département de contre-espionnage militaire au sein des services de renseignement, ainsi que de fusionner les services chargés de la cyberguerre et du spectre électromagnétique.

Les partenaires de la Grande-Bretagne dans le cadre d'une riposte hypothétique à ces menaces sont également désignés. Il s'agit en premier lieu des États-Unis, des pays de l'OTAN, puis de l'Ukraine.

À propos de cette dernière, il est dit que «c'est un moment décisif pour la sécurité collective en Europe, qui ne se produit qu'une fois dans une vie: garantir un règlement politique durable en Ukraine, garantissant sa souveraineté, son intégrité territoriale et sa sécurité à l'avenir, est essentiel pour dissuader la Russie de poursuivre son agression dans toute la région».

Afin de ne pas manquer cette occasion unique, qui ne se présente qu'une seule fois, le Royaume-Uni devrait doubler son aide à l'Ukraine, qui s'élève à 3 milliards de livres sterling, et la maintenir aussi longtemps que nécessaire.

Les auteurs précisent les mesures à prendre pour renforcer cette aide: «Par exemple, en développant les co-entreprises entre les industries de défense britannique et ukrainienne et, dès la fin du conflit immédiat, en aidant l'Ukraine à accéder à de nouveaux marchés pour son industrie de défense, notamment pour l'entretien et la modernisation des équipements soviétiques obsolètes utilisés par des pays tiers».

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Mais cela ne se limite pas aux anciens équipements soviétiques: «Le ministère de la Défense doit également tirer les leçons de l'expérience remarquable de l'Ukraine en matière de guerre terrestre, d'utilisation de drones et de conflits hybrides afin d'élaborer sa propre approche moderne de la conduite des opérations militaires».

Ce passage montre clairement qu'il ne faut pas se faire d'illusions sur la raison des élites politiques occidentales, qui continueront à provoquer une escalade délibérée. Dans ce scénario, l'Ukraine est à la fois un terrain d'essai pour évaluer de nouvelles formes et de nouveaux moyens de mener un conflit armé, et un instrument direct contre la Russie.

Toutefois, les auteurs du document n'ont pas seulement mentionné l'orientation européenne.

Ils ont également souligné les intérêts de la Grande-Bretagne dans la région indo-pacifique (avec la base de Diego Garcia), dans l'Atlantique (en particulier les îles Malouines, que l'Argentine appelle Malvinas et considère comme siennes) et à Gibraltar (dont l'Espagne revendique légitimement le territoire).

Le document montre également un intérêt pour la production d'un nombre important de missiles à longue portée. Et dans les recommandations, il est mentionné la nécessité de porter les effectifs des forces armées à 100.000 personnes, dont 83.000 seront des soldats réguliers et les autres des réservistes.

Les indicateurs quantitatifs sont mentionnés en raison des problèmes actuels de recrutement de l'armée britannique.

Selon les données officielles, depuis la fin du service obligatoire en 1960, les effectifs des forces régulières britanniques ont diminué de 74%. Au cours de l'année qui a suivi avril 2024, 1140 militaires ont démissionné. L'année précédente, ils étaient 4430 de plus.

Dans son rapport sur l'état de préparation des forces armées publié en février 2024, le Comité de sélection pour le service militaire a exprimé son inquiétude face aux problèmes de recrutement et de fidélisation des militaires. Dans une déclaration orale devant la Commission des comptes publics en avril 2025, le chef d'état-major de la défense, l'amiral Tony Radakin, a reconnu le problème, mais a déclaré qu'il « s'atténuait ».

La presse britannique a qualifié cette nouvelle étude de tentative de promotion du « keynésianisme militaire » afin d'obtenir le soutien budgétaire nécessaire.

Et il faudra soutirer des sommes considérables aux contribuables.

Les dépenses importantes seront vraisemblablement consacrées aux missiles, à la construction de nouveaux sous-marins de combat et à la fabrication de munitions pour ceux-ci. L'achat aux États-Unis d'avions multifonctionnels F-35A, certifiés pour le transport de la bombe nucléaire gravitationnelle B61-12, dont la puissance maximale est de 50 kilotonnes, est également envisagé. Au total, 15 milliards de livres sterling seront investis dans la modernisation de la production d'armes nucléaires.

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Compte tenu des faiblesses des blindés britanniques, confirmées par les combats en Ukraine, il sera probablement nécessaire de créer de nouveaux prototypes de chars et de véhicules blindés.

Le rapport mentionne également la formation d'une milice dirigée par des volontaires, qui aidera à protéger les aéroports, les centres de communication et d'autres infrastructures nationales critiques contre les drones et autres attaques surprises. À cet égard, la Grande-Bretagne a clairement suivi l'exemple de la Pologne et de certains autres pays de l'UE qui, pris de panique, ont déjà commencé à créer des formations similaires pour « se défendre contre la Russie ».

En général, sur le plan diplomatique, il faut clairement s'attendre à une sorte de démarché, sinon de la part de la Chine, de l'Iran et de la Corée du Nord, du moins de la part de la Russie, car le comportement hostile de Londres est désormais renforcé par une rhétorique et des intentions agressives.

Mais si l'on lit entre les lignes et que l'on tient compte du contexte international et politique interne, l'aperçu présenté devrait inquiéter les Britanniques eux-mêmes.

Les dernières élections ont montré que la méfiance à l'égard du gouvernement actuel augmente, tout comme les possibilités de sécession en Irlande du Nord et en Écosse. Compte tenu des précédents historiques, les forces armées britanniques pourraient être utilisées à l'intérieur du pays pour réprimer des troubles. Et les symptômes d'éventuelles émeutes civiles au Royaume-Uni deviennent chaque jour plus visibles.

samedi, 14 juin 2025

Le grand nettoyage

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Le grand nettoyage

Karl Richter

Source: https://www.facebook.com/karl.richter.798

Le volte-face de la politique américaine en Ukraine est le premier grand coup du gouvernement Trump contre les Européens. Le fait que Washington leur tourne soudainement le dos, qu’il arrête toutes les ventes d’armes à Kiev et laisse les régimes européens seuls face à la guerre revient à une ultime perte de signification politique – et le président américain ne s’arrêtera pas au changement de cap en Ukraine.

Les Européens peuvent désormais signer leur capitulation, en même temps que Kiev. Que vont faire les Ukrainiens avec les 700 milliards d’euros des fonds européens, que Baerbock leur a fait miroiter, en cas de capitulation ? Quel rôle veulent jouer Londres, Paris, Berlin et les autres régimes marionnettes sur le champ de bataille dans le Donbass ? Ont-ils l’intention de sacrifier 30.000 soldats – pas plus – pour Kiev ? Merz, Kiesewetter et Baerbock, qui ont récemment halluciné à propos d'une attaque russe sur le Brandebourg, sont capables de commettre cette folie. Il ne leur reste qu’à le leur conseiller chaleureusement. Cela accélérerait leur suicide.

Au final, les Européens n’auront atteint aucun – en chiffres : zéro – de leurs objectifs en Ukraine. Ils ne « ruineront » ni la Russie (dixit Baerbock), ni ne défendront leurs « valeurs », ni l’Ukraine elle-même. Si tout va bien, il ne restera qu’un État fantôme démilitarisé de la partition de l'Ukraine. Au lieu de cela, ils auront infligé à leurs peuples des dégâts immenses et provoqué une faillite historique sans précédent des « valeurs européennes », qui ne laisseront que haine, hostilité et nouvelles incitations à la guerre.

Si je ne me trompe pas, la domination de Trump, qui ne s’arrêtera pas devant l’Europe, pourrait maintenant ouvrir des possibilités pour faire apparaître des criminels de guerre sur la scène internationale. La manœuvre de Trump, encore peu appréciée, a consisté à qualifier récemment Zelensky de « dictateur » sans élections. La façon dont on traite les dictateurs – à juste titre ou à tort – a été concrétisée et approuvée par Uncle Sam au cours de ces dernières décennies, et jusqu’à l’excès. Il les laisse finir sur la lame de la guillotine, une fois leur tâche accomplie. La liste est infinie. Zelensky pourra se réjouir s’il parvient encore à prendre le dernier avion pour Tel-Aviv.

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Mais les Européens ne sont pas pour autant tirés d’affaire : ils ont soutenu le régime illégal de Zelensky. Pendant trois années entières, avec des milliards d’euros venus des poches de leurs contribuables, avec du matériel de guerre et au prix de centaines de milliers de vies humaines. Un véritable crime de guerre, en plus, en ce qui concerne l’Allemagne, une violation du traité Deux Plus Quatre et la préparation d’une guerre d’agression (art. 26 GG). Selon la nouvelle administration américaine, cela pourrait avoir des conséquences. La jeune porte-parole de Trump, Karoline Leavitt, a déjà indiqué la direction vers laquelle cela pourrait aller : en citant le chancelier Scholz, elle a dit : « Chancelier fédéral, choisissez soigneusement vos mots. La seule place que l’Allemagne mérite dans ces négociations est le box des accusés ». Exactement !

La deuxième ligne d’attaque est formée par le vice-président de Trump, J. D. Vance. Après son brillant discours lors de la Conférence de sécurité à Munich, il se concentre également sur l’État de droit allemand. Quelques jours après, il a approfondi ses arguments contre le régime allemand d'injustice, à travers un documentaire américain sur la justice idéologique en Allemagne. La pratique quotidienne, désormais banale, selon laquelle toute opinion dissidente dans cette « meilleure Allemagne que l’on ait jamais connue » (Steinmeier) aboutit à des perquisitions et à de lourdes amendes,. Cette situation a été commentée par Vance : « Tout le monde en Europe et aux États-Unis doit rejeter cette folie ». Et : « La criminalisation de la parole sera un poids énorme pour les relations transatlantiques ». Espérons-le.

Le prochain gouvernement devra se préparer sérieusement, car ce sera probablement le dernier, avant que l’AFD – avec l’aval de Washington – ne prenne le contrôle. La manière dont on orchestre les coups d’État de Maidan, les printemps arabes et autres changements de régime, Uncle Sam en connaît quelque chose. Peut-être essaiera-t-il aussi en Allemagne ?

Mais évitons tout malentendu : il faut mettre nos lecteurs en garde contre toute illusion. Ceux qui observent la situation de plus près se rendront compte que l’offensive américaine pour la liberté d’expression vise principalement à semer le trouble en Europe. Aux États-Unis, Trump a en même temps, parmi ses premières mesures, ordonné une répression accrue contre les « délits antisémites ». Il ne faut pas continuer à en discuter interminablement, mais il faut le savoir, en prendre acte.

Et surtout, pour les Allemands, ce développement, aussi louable qu’il puisse paraître en soi, n’est pas une gloire. Nous n’avons pas eu notre mot à dire sur tout ce qui se passe dans l’hémisphère occidental ces derniers temps. Nous n’avons jamais été autant vassaux depuis 1945, un résultat des politiques irresponsables et criminelles de nos gouvernements fédéraux successifs. Le peu de consolation, c’est que les autres Européens ne vont guère mieux. Pour le moment, nous ne pouvons faire que regarder le régime des vieux partis mourir, et, autant que possible, contribuer à sa chute. La suite, on verra.

jeudi, 12 juin 2025

L'accord sur les ressources naturelles a été classé secret par les États-Unis: les Ukrainiens ont-t-il été dupés?

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L'accord sur les ressources naturelles a été classé secret par les États-Unis: les Ukrainiens ont-t-ils été dupés?

Washington/Kiev. Contrairement à ses intentions, le président américain Donald Trump n’a pas encore vraiment oeuvré à la paix en Ukraine. En revanche, Washington se sert largement des ressources de l’Ukraine – dans la mesure où elles ne se trouvent pas dans les zones contrôlées par la Russie. Un accord étendu, accordant de vastes droits d’exploitation à des entreprises américaines, a récemment été signé entre les deux pays.

Mais le gouvernement ukrainien a maintenant rendu deux contrats supplémentaires liés à l’accord sur les ressources naturelles secrets, et refuse aux députés de la Rada d’en prendre connaissance. C’est ce qu’a rapporté le parlementaire Jaroslaw Schelesnjak sur sa chaîne Telegram, en publiant la déclaration officielle du ministère de l’Économie.

Les documents, qui définissent les règles essentielles pour le fonctionnement d’un fonds commun, avaient été demandés par les représentants pour examen. Mais le ministère a rejeté cette demande, justifiant sa décision en disant qu’il s’agissait de « documents juridiques complexes » contenant « des dispositions concernant l’accès et la gestion d’informations qui constituent un secret commercial et doivent être traitées de manière confidentielle par les parties ». Schelesnjak a critiqué cette position et rappelé que le gouvernement avait initialement promis de rendre publics tous les détails de l’accord une fois signé.

Le 1er mai, le cabinet de Kiev avait déjà publié le texte principal de l’accord sur les ressources naturelles avec Washington. Ensuite, les médias et les politiciens ont vivement critiqué les conditions de l'accord. Ils accusent le gouvernement de Zelensky de céder ainsi une partie de la souveraineté économique du pays, car l'accord confère à long terme des privilèges aux États-Unis pour accéder aux ressources ukrainiennes – sans inclure les garanties de sécurité que Zelensky a demandées à plusieurs reprises. De plus, les députés ont déploré que seul la partie générale de l’accord ait été présentée, alors que les règles détaillées et cruciales sont consignées dans les annexes désormais classées secrètes.

Le refus du gouvernement de divulguer ces documents alimente le doute sur la transparence des accords et suggère que Kiev a fait des concessions plus importantes aux États-Unis que ce qui est officiellement connu (mü).

Source: Zu erst, juin 2025.

Erich Vad, ancien conseiller de Merkel: "La Russie atteint ses objectifs malgré les attaques ukrainiennes"

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Erich Vad, ancien conseiller de Merkel: "La Russie atteint ses objectifs malgré les attaques ukrainiennes"

Berlin. L’ex-général de la Bundeswehr, Erich Vad, ancien conseiller militaire de la chancelière Angela Merkel, évalue la situation actuelle dans le conflit en Ukraine de manière sobre : l’attaque ukrainienne contre des bases aériennes russes ne change rien au fait que la Russie poursuit ses objectifs stratégiques. Les combats parallèles aux négociations qui se poursuivent sur le front ne sont pas inhabituels, a souligné Vad dans une interview avec la Berliner Zeitung.

La plus récente opération secrète de l’Ukraine contre des bases de bombardiers russes Vad la compare à l’„Opération Kursk” : „Elle avait une grande valeur symbolique, mais peu d’importance militaire.” Bien que Kiev démontre ainsi la portée de ses armes, cela ne fait pas chanceler la Russie, ni ne modifie la situation sur le front, où les troupes russes „progressent lentement mais sûrement”. Vad suspecte un soutien occidental en renseignement et logistique, mais insiste : „La Russie conserve la supériorité militaire et travaille de manière cohérente à la pleine maîtrise du Donbass.”

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Concernant la discussion sur d’éventuelles livraisons de missiles „Taurus” allemands, Vad s’exprime clairement : „L’Allemagne ne devrait pas livrer ces missiles de croisière.” S’ils sont utilisés contre des cibles à haut risque comme le pont de Kertch ou des ministères à Moscou, cela pourrait signifier l’entrée en guerre de l’Allemagne. Les objectifs de négociation russes sont cependant transparents : en plus de sécuriser le Donbass et le pont terrestre vers la Crimée, Moscou exige la neutralité diplomatique de Kiev. Si l’Ukraine n’est pas prête à faire des compromis, une percée frontale de la Russie – ou même un „changement de régime” par des opérations secrètes – est à craindre.

Vad, qui se considère comme atlantiste, avait déjà averti en janvier 2023 dans „Emma” contre des attentes excessives concernant la livraison de chars. Une victoire ukrainienne est irréaliste, les négociations étant la seule issue. Sa critique de l’attitude dépourvue de stratégie de l’Occident a été renforcée par sa signature du „Manifeste pour la paix” d’Alice Schwarzer et Sahra Wagenknecht. Même maintenant, Vad maintient son avis : la Russie atteindra ses objectifs – avec ou sans négociations (mü)

lundi, 09 juin 2025

Chine. Inauguration de la ligne ferroviaire vers Téhéran: l'importance du détroit de Malacca se voit relativisée

 

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Chine. Inauguration de la ligne ferroviaire vers Téhéran: l'importance du détroit de Malacca se voit relativisée

par Giuseppe Gagliano

Source: https://www.notiziegeopolitiche.net/cina-inaugurata-la-ferrovia-che-arriva-a-teheran-tagliato-lo-stretto-di-malacca/

Au cœur de l'Asie, un nouveau corridor ferroviaire est en train de changer discrètement les règles du jeu mondial. L'inauguration récente de la ligne ferroviaire reliant Urumqi, dans la province chinoise du Xinjiang, à Téhéran, en passant par l'Asie centrale et le Turkménistan, n'est pas seulement un exploit logistique, mais un acte de défi stratégique qui bouleverse l'équilibre géopolitique. Avec un temps de transit de seulement 15 jours, contre 40 pour les routes maritimes, ce corridor permet à la Chine et à l'Iran de contourner le détroit de Malacca et d'autres artères maritimes qui sont sous le contrôle de la marine américaine, ouvrant ainsi une nouvelle ère pour le commerce des marchandises chinoises et du pétrole iranien vers les marchés européens. Ce projet ne se contente pas de raccourcir les distances, il redessine également les cartes du pouvoir, remettant en question l'hégémonie américaine sur le contrôle des routes mondiales.

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Le détroit de Malacca, ce goulet d'étranglement maritime qui assure le passage entre l'océan Indien et l'océan Pacifique, est depuis des décennies le talon d'Achille de la Chine. Environ 80% des importations pétrolières chinoises et 60% de son commerce maritime transitent par ce passage, rendant Pékin vulnérable à un éventuel blocus naval par les États-Unis ou leurs alliés, tels que Singapour ou l'Inde. En 2003, l'ancien président chinois Hu Jintao a qualifié cette dépendance de « dilemme de Malacca », un problème stratégique qui a poussé la Chine à rechercher des alternatives terrestres pour diversifier ses routes commerciales et garantir sa sécurité énergétique. Le nouveau corridor ferroviaire Chine-Iran, qui fait partie intégrante de l'initiative Belt and Road (BRI), est la réponse la plus audacieuse à ce défi.

Longue d'environ 4000 kilomètres, cette route relie Yiwu (Zhejiang) à Qom, en Iran, en traversant le Kazakhstan et le Turkménistan. Selon la China Railway Corporation, ce corridor pourrait transporter plus de 10 millions de tonnes de marchandises par an d'ici 2030, grâce à la demande croissante des marchés eurasiatiques et moyen-orientaux. Pour l'Iran, ce projet représente une bouée de sauvetage économique: les sanctions occidentales, qui limitent l'accès aux marchés maritimes et financiers, trouvent réponse dans l'organisation du transport terrestre, lequel constitue dès lors une alternative moins exposée aux pressions internationales. Le pétrole iranien peut désormais atteindre la Chine sans passer par les détroits d'Ormuz ou de Malacca, ce qui réduit le risque d'interruptions dues à des tensions géopolitiques ou à des sanctions.

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Ce n'est pas un hasard si ce corridor arrive à un moment où les tensions entre la Chine, l'Iran et les États-Unis s'intensifient. Washington a redoublé d'efforts pour contenir l'expansion économique de Pékin et limiter les exportations de pétrole iranien, considérées comme une source de financement pour le régime de Téhéran. La marine américaine, avec sa présence dominante dans le Pacifique et le golfe Persique, représente une menace constante pour les deux pays. Le corridor ferroviaire change toutefois la donne: non seulement il permet à la Chine d'accéder au pétrole iranien sans passer par les eaux contrôlées par les États-Unis, mais il renforce également l'Iran en tant que plaque tournante commerciale entre l'Asie et l'Europe, le rendant moins dépendant des routes maritimes vulnérables.

Ce projet s'inscrit dans un contexte plus large de coopération sino-iranienne. En 2021, les deux pays ont signé un accord de partenariat stratégique d'une durée de 25 ans, qui prévoit des investissements chinois de 400 milliards de dollars dans les infrastructures, l'énergie et la technologie en Iran. Le chemin de fer est un élément clé de cette stratégie, financée en partie par la China Development Bank et l'Export-Import Bank of China, avec la participation de géants tels que la China Railway Construction Corporation (CRCC). Du côté iranien, la Islamic Republic of Iran Railways (RAI) a coordonné l'expansion des infrastructures internes, en harmonisant les normes ferroviaires avec les normes internationales afin de garantir un flux continu de marchandises.

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Cette évolution inquiète Washington. Les États-Unis ont investi des ressources considérables pour maintenir le contrôle des principales routes maritimes mondiales, avec des bases navales stratégiques telles que celles de Singapour et de la Cinquième Flotte à Bahreïn. La capacité d'interdire le commerce chinois ou iranien par le biais de points de contrôle tels que Malacca ou Hormuz a longtemps été une arme géopolitique. Cependant, le nouveau corridor réduit l'efficacité de ce levier, offrant à la Chine et à l'Iran une alternative terrestre qui échappe au contrôle américain. Ce n'est pas un hasard si des publications sur des plateformes telles que X décrivent le projet comme une « révolution géopolitique », capable de réviser la théorie de Halford Mackinder sur l'importance du contrôle du cœur de l'Eurasie pour la domination mondiale.

Malgré son potentiel, ce corridor n'est pas sans obstacles. La route traverse des pays comme le Kazakhstan et le Turkménistan, où les infrastructures ferroviaires nécessitent des mises à niveau constantes et où la stabilité politique n'est pas toujours garantie. La gestion transfrontalière nécessite des accords complexes en matière de douanes, de sécurité et de normes techniques, et toute tension régionale pourrait compromettre le flux de marchandises. En outre, le volume du transport ferroviaire, bien que significatif, reste une fraction des 144 millions de tonnes annuelles qui transitent par le détroit de Malacca, ce qui fait de ce corridor, à court terme, un complément, et non un substitut, aux routes maritimes.

Il y a ensuite la question de la réponse internationale. Les États-Unis et leurs alliés, tels que l'Inde et le Japon, promeuvent des projets alternatifs, comme le corridor Inde-Moyen-Orient-Europe, afin de contrer l'influence chinoise. La Turquie, avec son projet Development Road, vise à concurrencer le golfe Persique et l'Europe en tant que plaque tournante commerciale. Ces développements suggèrent une concurrence croissante pour le contrôle des routes commerciales, l'Eurasie étant au centre d'un nouveau « grand jeu ».

Le corridor ferroviaire Chine-Iran n'est pas seulement une infrastructure, mais un symbole du monde multipolaire qui prend forme. En réduisant leur dépendance vis-à-vis des routes maritimes contrôlées par les États-Unis, la Chine et l'Iran construisent une alternative qui renforce leur autonomie stratégique et celle des pays d'Asie centrale. Pour l'Europe, ce corridor offre des opportunités commerciales, mais aussi des dilemmes: comment concilier un accès plus rapide aux marchandises et les pressions géopolitiques de Washington ?

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À une époque de tensions mondiales croissantes, ce projet rappelle que le contrôle des routes commerciales est toujours au cœur de la concurrence entre les puissances. La Chine, avec sa vision de la Nouvelle Route de la Soie, et l'Iran, avec sa résilience face aux sanctions, parient sur un avenir où l'Eurasie redeviendra le centre du monde. Reste à voir si les États-Unis, gardiens de l'ordre maritime mondial, trouveront une réponse efficace à ce défi terrestre. Une chose est sûre: le train parti d'Urumqi ne transporte pas seulement des marchandises, mais aussi un message clair au monde entier.

dimanche, 08 juin 2025

Lumpenpopulisme ministériel

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Lumpenpopulisme ministériel

par Georges Feltin-Tracol

Dans leurs écrits, Karl Marx et Friedrich Engels distinguent le prolétariat sur qui ils fondent l’espoir de la révolution communiste du Lumpenproletariat. Ce terme allemand signifie le sous-prolétariat et désigne les éléments du bas-peuple constitués de canailles, de malfrats et d’indicateurs de police – provocateurs. Un ministre de l’actuel gouvernement Bayrou incarne parfaitement cette tendance qui, sous couvert de discours populiste, cache une vraie tonalité populacière.

Diapositive1-1938292052.jpgCe « lumpenpopuliste en chef » a fait la couverture du n°65 de Synthèse nationale en hiver 2023 - 2024 au titre percutant : « Le liberticide ». À l’instar de son sinistre mentor Nicolas Sarközy, il a été l’un des pires ministres de l’Intérieur. Responsable principal de l’ensauvagement de l’Hexagone malgré les filtres et les inévitables corrections des données brutes, Gérald Darmanin cumule avec un zèle culotté le ministère de la Parole inutile et celui de l’Inaction officielle. Le seul domaine où il a montré son intransigeance concerne les nombreuses dissolutions de mouvements identitaires, nationalistes et patriotes qui représentent l’authentique opposition à un régime maboule pendant que la racaille gauchiste interlope poursuit ses méfaits en toute impunité.

À 43 ans, Darmanin présente déjà un palmarès politicien impressionnant: maire de Tourcoing de 2014 à 2017 et en 2020, il reste un an conseiller départemental du Nord (2021 – 2022), conseiller régional en Nord – Pas-de-Calais entre 2010 et 2014 avant de siéger de 2016 à 2020 au conseil régional des Hauts-de-France après la fusion avec la Picardie en 2015. Adhérent dès 16 ans au RPR (Rassemblement pour la République) de Jacques Chirac, il assiste un bref temps le député européen Jacques Toubon.

En 2004, il devient l’assistant parlementaire de Christian Vanneste, député RPR de 1993 à 1997, puis élu UMP de 2002 à 2012. Partisan d’une ligne conservatrice et favorable à l’alliance électorale avec le FN, Christian Vanneste incline vers le souverainisme. Est-ce sous son influence que Gérald Darmanin collabore en 2008 à la revue royaliste proche de l’Action française Politique Magazine ? Élu député en 2012, Darmanin vote contre le Pacte budgétaire européen. Dans le même temps, il fricote avec la Droite populaire de Thierry Mariani, l’un des courants de l’UMP.

Hormis sa proximité avec Xavier Bertrand, le futur homme fort des Hauts-de-France à compter de 2015, Gérald Darmanin adopte un positionnement que la médiacratie qualifie de « droite dure ». Il entre dès lors en compétition avec un surdoué sarközyste, Laurent Wauquiez… Une telle étiquette n’empêche pas finalement Darmanin de rallier Emmanuel Macron pendant l’entre-deux-tours de 2017. En récompense, il reçoit le ministère de l’Action et des Comptes publics. Il y restera plus de trois ans. On dit que Sarközy l’aurait menacé de ne plus jamais lui adresser la parole s’il n’acceptait pas un maroquin ministériel. Cette nomination interroge, car, au cours de la campagne électorale, il fustigeait en janvier 2017 dans les colonnes de L’Opinion « le bobo-populisme de M. Macron ».

Vite exclu des Républicains, Darmanin rejoint La République en marche en novembre 2017. À son ministère, il met en place la réforme du prélèvement de l’impôt sur le revenu à la source lancée par l’inénarrable François « Flamby » Hollande. C’est toujours à Bercy qu’il assiste à l’immense crise sociale des Gilets jaunes qu’il traite de « peste brune ». Cette sortie montre que la sympathie affichée pour le peuple est factice chez cet opportuniste qui rêve de suivre les traces de Sarközy.

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Ministre de l’Intérieur, son attitude de matamore fait merveille auprès du système médiatique d’occupation mentale. Or son échec est patent; il s’aggrave même en Outre-mer ravagé par des violences systémiques en Nouvelle-Calédonie, à Mayotte, en Guyane et en Martinique. Ses échecs répétés ne l’empêchent nullement de considérer l’Italie de Giorgia Meloni comme « l’ennemi de la France ». Ne revenons pas sur sa bourde gigantesque à propos de ses accusations infondées envers les supporteurs anglais devant le stade de France en 2022. Il exonère en revanche les bandes allogènes du 9-3. Ce n’est que récemment qu’il a reconnu son erreur. Il a enfin fait adopter en juillet 2021 la loi scélérate sur le séparatisme qui interdit de fait la scolarité à domicile, renforce le contrôle sur les associations et restreint la liberté des cultes au nom de la défense des valeurs insipides d’une république dégénérée.

Non reconduit à un ministère sous Michel Barnier, Gérald Darmanin reste six mois au Palais-Bourbon où il exprime toute sa frustration contre le nouveau gouvernement. Spectateur de ce manège grotesque digne des caprices d’un enfant gâté, François Bayrou le nomme dans son gouvernement en décembre 2024 au rang de ministre d’État, garde des Sceaux, ministre de la Justice.

Son arrivée à ce ministère, place Vendôme, aiguise son ambition élyséenne. Sa participation à l’émission de Karine Le Marchand sur M6, « Une ambition intime », le dimanche 1er juin, en est une preuve manifeste. Or il n’est pas le seul au sein du fameux « socle commun gouvernemental » : Édouard Philippe, Gabriel Attal, peut-être François Bayrou, sans oublier son collègue et successeur à l’Intérieur, Bruno Retailleau, Xavier Bertrand, David Lisnard, Laurent Wauquiez, voire Michel Barnier lui-même… La compétition va être rude, surtout en l’absence d’élections primaires honnies.

Afin de se démarquer de tous ses potentiels concurrents, il entend marquer l’opinion publique par des propositions – chocs. Il suggère la constitution de prisons de haute sécurité réservées aux chefs des cartels de drogue dont une s’érigerait non loin du Surinam en Amazonie guyanaise. Par ailleurs, le Conseil d’État annule sa décision d’arrêter les activités ludiques en détention.

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Ses deux plus récentes saillies sont encore plus problématiques. Le 4 mai 2025, il déclare : « Si vous voulez une société sécure [sic !], il faut la reconnaissance faciale. » L’anglicisme persistant de cette phrase signale qu’en 2021, l’actuel garde des Sceaux avait été l’excellent lauréat de l’Académie de la Carpette anglaise. La nouvelle carte nationale d’identité en format de carte bancaire comporte des indications en anglais. Une autre honte ! En 2022, il affirmait devant les parlementaires son hostilité à la reconnaissance faciale. Une fois encore, l’opportuniste revient au galop.

Le 23 mai dernier, il propose tout bonnement de mettre fin à la circulation de l’argent liquide afin d’assécher les trafics. « Une fois, dit-il, que l’argent est traçable comme le sont parfois et souvent les crypto-actifs, c’est plus compliqué pour le consommateur comme le revendeur de pouvoir échapper à un circuit de financement. » L’argument éculé depuis des années ne change pas, mais on discerne mieux maintenant que la fin de cette liberté de paiement couplée à la reconnaissance faciale, au fichage légal des opinions et des croyances, à l’utilisation de drones pendant les manifestations et à la fermeture abusive du compte en banque indique une entrée probable dans une ère de surveillance généralisée au profit d’un pouvoir dépassé. Dès le lendemain, à la radio RTL, il revenait sur son propos en regrettant que « nous n’en avons pas les moyens politiques ». On sait bien qu’avec une majorité absolue, cette mesure se serait appliquée comme le démontre le précédent covidien de limitation des libertés publiques et privées.

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Sur l’argent liquide, Gérald Darmanin se trouve à contre-courant de l’actualité. Phare en matière de disparition des espèces, la Suède invite désormais sa population à détenir des pièces de monnaie et des billets parce que les transactions numériques révèlent une trop grande sensibilité aux cyberattaques venues, selon elle, de l’Ours oriental… Signalons aussi que les achats s’effectuent encore en liquide à 69% en Allemagne et à 73% en Autriche.

Souhaitant instrumentaliser pour son seul profit la vague populiste qui secoue pour l’heure le monde occidental, Gérald Darmanin fonde en septembre 2024 son propre micro-parti, Populaires, qui s’essaie à la synthèse instable du sarközysme et du macronisme. Plutôt que cette récupération grotesque qui caractérise le lumpenpopulisme de son fondateur, il aurait mieux valu que cet énième mouvement politicard s’appelât Vulgaires. 

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 159, mise en ligne le 3 juin 2025 sur Radio Méridien Zéro.

jeudi, 05 juin 2025

Fernand Kartheiser, député européen luxembourgeois: l'UE s'est isolée elle-même, pas la Russie

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Fernand Kartheiser, député européen luxembourgeois: l'UE s'est isolée elle-même, pas la Russie

Source: https://www.sott.net/article/499913-Luxembourg-MEP-The-EU...

Fernand Kartheiser a critiqué la posture conflictuelle adoptée par Bruxelles concernant l'Ukraine, appelant à une reprise de la diplomatie avec Moscou.

Le député européen luxembourgeois Fernand Kartheiser a soutenu que l'approche conflictuelle de l'UE envers la Russie durant le conflit en Ukraine l'a conduite à son propre isolement.

Il a formulé ces remarques dans une interview avec RT, publiée mardi, lors d’un voyage en Russie qu’il a été contraint de financer personnellement en raison des restrictions imposées par le Parlement européen.

« Certaines personnes au Parlement européen... ont une attitude envers la Russie qui identifie celle-ci comme une grande menace », a déclaré Kartheiser. « Elles pensent que si nous exerçons des pressions sur la Russie et l’isolons diplomatiquement, cela pourrait aider à trouver des solutions dans le contexte du conflit en Ukraine... ce n’est pas le genre de discussion que nous devrions avoir. »

Kartheiser a noté que toute l’approche de l’UE envers le conflit en Ukraine et la Russie a été contre-productive.

« Ce que nous avons maintenant à l’échelle internationale, c’est que pratiquement tout le monde parle à la Russie. Même les États-Unis reviennent et ont des contacts de haut niveau... la position anti-Russie e réduit », a-t-il déclaré. « Donc cette politique d’isolement de la Russie a essentiellement échoué. Les seuls qui sont en quelque sorte isolés, ce sont les dirigeants de l’UE elle-même ».

La visite de l’eurodéputé à Moscou, sur invitation de la Douma d’État russe, visait à discuter des relations bilatérales et de la situation en Ukraine. Cependant, cette visite a suscité des critiques de la part de députés européens plus bellicistes. Le groupe des Conservateurs et Réformistes européens a menacé d’expulser Kartheiser, affirmant qu’il avait « franchi une ligne rouge ». Le député a qualifié cette menace de « partie regrettable du tableau » et a déploré que certains parlementaires de l’UE restent opposés à la réouverture des liens avec Moscou.

« La discussion que nous devrions avoir est la suivante: quel type de relation voulons-nous avec la Russie à l’avenir ? Nous devons rouvrir le dialogue. C’est ce qu’il y a de plus important, » a-t-il déclaré, ajoutant que certains politiciens changent d’avis sur la Russie, et que beaucoup d’Européens ordinaires aimeraient également voir les liens restaurés.

Le député a souligné que si l’UE « veut être prise au sérieux en tant qu’acteur dans les relations internationales », elle doit abandonner la politique anti-Russie et, à nouveau, « avoir une sorte de relation » avec Moscou.

« Si nous, les Européens occidentaux, devons assumer une plus grande responsabilité pour notre propre sécurité, une façon d’y parvenir est de négocier un accord avec la Russie, garantissant en même temps notre sécurité en tant qu’Européens occidentaux et assurant la sécurité de la frontière occidentale de la Russie. Donc il faut placer la négociation et la diplomatie avant le réarmement et la course aux armements, » a-t-il conclu.

La coalition aux Pays-Bas a été dissoute

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La coalition aux Pays-Bas a été dissoute

Source: https://unzensuriert.de/299570-koalition-in-den-niederlan...

Le politicien néerlandais Geert Wilders (PVV) a quitté la coalition gouvernementale avec son parti. Le politicien, qui critique l'islam, l'a annoncé aujourd'hui, mardi, sur la plateforme X (anciennement Twitter) en ces termes: « Pas de signature sous nos plans d'asile. Pas d'ajustement de l'accord de principe. Le PVV quitte la coalition ».

Projets de durcissement de la politique d'asile

Lors d'une réunion avec les quatre partis de la coalition, Wilders avait une nouvelle fois insisté sur un durcissement significatif de la politique d'asile. «Si cela ne se produit pas, il y aura un sérieux problème», avait-il déclaré à cette occasion. Entre-temps, les médias grand public tels que t-online ont également repris le sujet, non sans qualifier Wilders de «populiste de droite». Selon ce média, Wilders avait «présenté la semaine dernière un plan en dix points visant à durcir la politique d'immigration» et avait notamment exigé «la fermeture des frontières aux demandeurs d'asile, des contrôles frontaliers plus stricts et l'expulsion des criminels condamnés ayant la double nationalité». En outre, «des dizaines de milliers de Syriens devraient retourner dans leur pays».

On ignore pour l'instant pourquoi ses partenaires de coalition n'ont pas voulu soutenir cette initiative. Nous savons seulement qu'à La Haye, les dirigeants des partis PVV, VVD, NSC et BBB se sont réunis en crise et que les trois autres partis se sont montrés « verbijsterd », c'est-à-dire stupéfaits, par la décision du président du PVV.

« Notre patience est à bout »

Pour être réellement stupéfait, il faudrait toutefois être d'abord surpris. Or, la décision de Wilders ne devrait pas être une surprise, car il avait déjà posé un ultimatum au gouvernement le 27 mai. Lors d'une conférence de presse convoquée à la dernière minute, il avait alors présenté le plan en dix points, que nous venons de mentionner, quant à la politique d'asile et d'immigration. « Notre patience est à bout », avait-il déclaré à cette occasion, ajoutant que si son plan n'était pas mis en œuvre, le PVV « disparaîtrait ».

Le PVV était devenu la première force politique lors des élections législatives de novembre 2023, avec 37 sièges. Après de longues négociations, Wilders avait renoncé au poste de chef du gouvernement afin de permettre la formation d'une coalition avec le parti libéral VVD, le parti agricole BBB et le mouvement anti-corruption NSC. C'est alors l'ancien chef des services secrets Dick Schoof, sans affiliation politique, qui est devenu Premier ministre. L'accord de coalition prévoyait un durcissement de la politique migratoire, mais restait manifestement bien en deçà des attentes du PVV. Avec le retrait du parti de Wilders, la coalition gouvernementale néerlandaise est désormais au bord de la rupture et de nouvelles élections pourraient bientôt avoir lieu.

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L’île de Chypre, point stratégique pour l’équilibre en Méditerranée

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L’île de Chypre, point stratégique pour l’équilibre en Méditerranée

Il y a eu une évolution du statu quo chypriote, car le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan ont enfin officiellement reconnu la République (grecque) de Chypre, y ouvrant leurs propres ambassades.

par Giorgio Arconte

Source: https://www.barbadillo.it/121708-globalia-lisola-di-cipro...

Une cartographie de Limes sur les divisions à Chypre:

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Bien que l’on en parle peu, sauf lorsque l'on évoque de magnifiques vacances et rarement pour des questions financières, Chypre est une île stratégique dans les scénarios géopolitiques, non seulement en raison de sa position privilégiée en Méditerranée orientale qui en a déjà fait un carrefour riche en cultures et un point de rencontre entre Orient et Occident. L’histoire de Chypre a été marquée par de nombreux conflits jusqu’à la seconde moitié du 20ème siècle, lorsque l’île a été divisée en deux États. Moins connu est le fait que la partition est en réalité une division en trois zones: en plus du mur à Nicosie qui sépare la partie grecque de la partie turque, existent aussi deux portions méridionales du territoire occupées par les Britanniques qui y disposent de bases militaires. La question chypriote reste donc l’un des problèmes les plus complexes et irrésolus en Méditerranée, impliquant directement l’Union Européenne.

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Au cours des derniers mois, le statu quo à Chypre a évolué, car le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan ont enfin reconnu officiellement la République (grecque) de Chypre, y ouvrant ainsi leurs propres ambassades. La nouvelle est passée inaperçue mais elle a une grande valeur géopolitique, car ces trois pays font partie de l’Organisation des États turcs (OET) et relèvent du « Grand Turan », c’est-à-dire du rêve turc de réunir tous les peuples turcs. La Turquie n’a pas commenté cette décision, mais il est difficile d’imaginer qu’Erdogan et son entourage néo-ottoman aient digéré cette décision, probablement induite par l’UE. Il semble que la décision des trois pays d’Asie centrale de reconnaître la Chypre grecque, et de condamner la Turquie en tant que puissance occupante, soit le fruit d’une série d’investissements européens d’environ 12 milliards d’euros à utiliser dans divers secteurs. Il ne faut pas se faire d’illusions : les technocrates européens ne prennent pas à cœur les racines grecques et chrétiennes de l’Europe, leur ingérence étant motivée par le besoin de renforcer les liens avec des pays riches en uranium et en pétrole, ce qui pourrait aussi expliquer la non-réaction d’Ankara.

Malgré la complexification croissante du contexte mondial et l’apparition de nouveaux conflits, la Turquie a su jouer habilement, en étendant notamment sa présence militaire jusqu’en Afrique, notamment sur la côte libyenne, ainsi qu’au niveau économique, en se positionnant comme un nouveau hub logistique et énergétique stratégique pour l’Occident. La recherche européenne de ressources supplémentaires et de diversification favorise cette perspective turque, qui doit toutefois adopter une attitude diplomatique équilibrée et mesurée, parfois contradictoire mais toujours stratégique pour ses intérêts nationaux, comme dans le cas de la reconnaissance de la Chypre grecque par les trois « états ». Les investissements de Bruxelles devront forcément passer aussi par Ankara, et dans une période de crise économique comme celle que traverse la Turquie, cela représente plutôt une opportunité qu'une contrariété conflictuelle.

La Turquie n’est donc qu' « égratignée » mais non pas affaiblie, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour l’Italie, car comme le disait D’Alema : « L’Italie, c’est la Méditerranée ou ce n’est rien. » La Turquie est désormais notre voisine en Libye et nous évince pratiquement des Balkans, régions qui devraient être sous notre influence stratégique mais où notre présence diminue progressivement au profit de la Turquie (mais aussi de la Russie en Libye et de la Chine dans les Balkans). Pourtant, il n’y a aucun signe de réaction : au contraire, la société turque Baykar (active dans la technologie et la défense) a récemment acquis Piaggio Aerospace et a signé un accord de coopération avec Leonardo, une entreprise italienne. Des signaux inquiétants.

mercredi, 04 juin 2025

Immigration massive et suicide de la gauche

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Immigration massive et suicide de la gauche

par Moreno Pasquinelli

Bron: https://socialismomultipolaridad.blogspot.com/2025/05/inm...

Les dernières données indiquent qu'au cours des six premiers mois de 2015, environ un demi-million d'immigrants ont demandé l'asile politique à l'Union européenne, contre 600.000 au cours des douze mois précédents. [N. de T. : l'article date d'il y a 10 ans, mais il n'a pas pris une ride; de toute évidence, les chiffres de l'émigration extra-européenne vers notre continent ne font qu'augmenter].

Nous reviendrons bientôt avec une fiche d'information spécifique sur le thème particulier des demandeurs d'asile et des réfugiés. Il est clair que les véritables persécutés politiques sont une infime minorité et que la grande majorité des immigrants sont plutôt des « réfugiés économiques ». Ces chiffres objectivement impressionnants, selon tous les analystes, sont destinés à rester constants, voire à augmenter. Pourquoi sont-ils destinés à augmenter ? Parce que la mondialisation et les politiques de vol inhérentes aux mécanismes impérialistes accentueront les écarts entre riches et pauvres et entre pays oppresseurs et nations opprimées.

Il va sans dire que pour mettre réellement fin aux exodes massifs, la solution consiste à mettre fin à cette mondialisation impérialiste. Contrairement à ce qu'affirment les apologistes de l'ordre établi, c'est donc là le problème, et non la solution. Une solution qui semble lointaine dans le temps car elle implique une révolution mondiale, un renversement du système économique et politique international.

Ce n'est pas un hasard si les apologistes de la mondialisation, qui ont le monopole des médias, qualifient ces flux migratoires de « transcendants » et d'« imparables ». Ce qu'ils nous disent en réalité, c'est que la mondialisation doit être considérée comme irréversible, que ceux qui commandent aujourd'hui commanderont toujours et que les pratiques économiques néolibérales actuelles sont irrévocables.

Les défenseurs de la mondialisation sont, à leur manière, cohérents lorsqu'ils attendent et louent les exodes économiques d'un côté et, par conséquent, l'« accueil » de l'autre : les exodes et l'accueil sont les deux faces d'une même médaille.

L'exode économique venu de la périphérie pauvre pour se dirigier vers le centre « opulent » est fonctionnelle pour les dominants à bien des égards. Pour cinq motifs en particulier:

(1) injecter dans le centre des millions de personnes désespérées, prêtes à vendre leur force de travail pour presque rien, renforce, dans le centre, la tendance à une baisse générale des salaires et à une concurrence sauvage entre les travailleurs, au profit du capital ;

(2) l'exode massif contribue à la désertification des pays d'où émigrent les populations et sert les classes dominantes de ces pays car, en désamorçant les tensions sociales endogènes, il consolide leur domination ; 

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(3) à l'inverse, l'immigration massive contribue de manière décisive à détruire le tissu social ou le demos  des pays d'accueil. Ce demos constitue non seulement le substrat matériel, juridique et spirituel des États-nations (sans lequel ils sont destinés à se dissoudre dans le magma social ou faire émerger le creuset dans lequel de petites oligarchies transnationales pourront régner), mais aussi le lieu où le mouvement ouvrier s'est historiquement constitué en tant que communauté de classe opposée au capital ;

(4) Dans ce creuset impérial, la démocratie et les droits fondamentaux des citoyens sont voués à disparaître à leur tour, pour laisser place à des États policiers et à des relations néo-féodales de servitude et d'asservissement, à l'exception des droits cosmétiques et formels accordés aux « minorités » et des espaces communautaires inoffensifs que sont les ghettos. L'espace juridique et étatique impérial, de par sa nature, ne peut être démocratique.

(5) Enfin, permettons-nous d'avancer une cinquième raison spécifique concernant l'Union européenne.

L'arrivée de dizaines de millions d'immigrants est stratégiquement utile au projet délirant de supprimer les États-nations actuels et de transformer l'Union en un empire. Pour dissoudre les communautés nationales et les remplacer par la communauté européenne, les élites dirigeantes ont besoin d'introduire un élément désintégrateur externe, qui dissolve les différentes identités historiques et nationales. Selon l'élite européenne dominante, l'immigration massive doit également servir cet objectif.

Nous ne sommes pas aveugles. Nous savons qu'il existe de nombreuses autres raisons éthiques plus nobles qui poussent beaucoup de gens, tant à gauche que dans le monde catholique, à demander que tous les immigrants soient accueillis. Ils veulent une société « inclusive », capable d'accueillir tous les êtres humains qui demandent l'asile et le droit de séjour. Nous avons essayé d'expliquer qu'au moins en ce qui concerne notre pays, l'Italie, dans les conditions concrètes dans lesquelles il se trouve, l'immigration massive n'est pas viable. Une exigence éthique et morale peut être correcte dans l'abstrait, mais elle peut être pratiquement irréalisable, pour ne pas dire absolument désastreuse. Faire d'un principe éthique un impératif politique catégorique (comme dans ce cas l'objectif « d'accueillir tout le monde ») provoque en réalité deux désastres aujourd'hui : le premier est que nous nous rallions aux élites mondialistes qui s'entraident ainsi au lieu de se battre ; le second est la conséquence du premier, à savoir qu'il s'éloigne du prolétariat, le laissant à la merci de la montée des forces xénophobes et racistes.

Nous ressentons comme nôtres les valeurs solidaires du socialisme, ainsi que la piété chrétienne qui nous commande d'aimer notre prochain. Il existe cependant une limite insurmontable: aimer l'autre ne peut conduire à la haine de soi, à sa propre annihilation.

Aimer son prochain comme soi-même, si cela n'est pas une déclaration vide et hypocrite, si ce n'est pas l'invocation d'une pauperitas mystique  universelle, implique de garantir aux hôtes arrivants les mêmes droits et avantages dont jouit l'hôte autochtone. Il n'existe aucune condition dans ce système pour étendre ces droits et avantages ; l'immigration, en réalité, contribue à les retirer à ceux qui les ont conquis au prix de décennies de sacrifices et de luttes. Est-ce vraiment de l'amour pour son prochain que de favoriser les exodes en sachant que ces millions d'êtres humains vivront comme des « rebuts », dans l'exclusion et la misère ? N'est-ce pas plutôt un jeu pour le capitalisme néolibéral vorace qui aspire en fait à la pauvreté générale ?

Il ne semble donc pas que ce soit par amour chrétien pour son prochain qu'un certain parti de gauche prône l'acceptation de tous. Il y a ceux qui sont idéologiquement fascinés par le cosmopolitisme libéral et antinational et ceux qui, au nom d'un internationalisme mal compris, en viennent à haïr leur propre pays, ce qui, au fond, est une haine d'eux-mêmes et de leur propre peuple, accusé d'avoir oublié ses idéaux, d'avoir répudié, rejeté et isolé le meilleur de ses enfants, ceux qui n'ont jamais renoncé à ces idéaux.

Ce sont des chemins différents, mais tous deux mènent au suicide.

Source : https://sollevazione.blogspot.com/2015/09/immigrazione-di...

mardi, 03 juin 2025

La rhétorique d’escalade de Merz est un signe de faiblesse stratégique

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La rhétorique d’escalade de Merz est un signe de faiblesse stratégique

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/05/merz-eskalationsrhetorik-ist-...

Les déclarations de Merz concernant la levée des restrictions quant à la portée balistique des armes livrées par l'Occident à l’Ukraine indiquent la continuité d’une simulation politique qui joue la militarisation.

Les propos récents du chancelier fédéral Friedrich Merz concernant la levée des restrictions quant à la portée balistique des armes livrées par l'Occident à l’Ukraine ne constituent pas un changement de cap, mais la poursuite d’une simulation politique qui joue la fermeté militaire. Ceux qui connaissent la réalité opérationnelle savent que l’Europe est au bout de ses capacités logistiques et politiques. La livraison de missiles SCALP et Storm Shadow franchissait déjà une ligne rouge. Il est probable, de surcroît, que les missiles Taurus aient déjà été livrés en secret à Kiev.

L’explication de Merz n’est avant tout qu’un signal à Washington. Car l’UE ne mène pas une politique étrangère indépendante, mais agit en réaction aux mouvements impulsés par les États-Unis. En l’absence de leadership stratégique propre, elle se contente de répétitions – même si la situation sur le champ de bataille n’est plus décidée par des systèmes d’armes, mais par le temps, la persévérance et la clarté politique.

L’initiative stratégique appartient désormais clairement à la Russie. Moscou a – malgré l’aide occidentale à Kiev – déterminé le rythme de l’escalade en cours. La Russie reste calme, augmente progressivement la pression et attend l’épuisement des soutiens européens. Car une chose est indiscutable: la soi-disant « coalition pour l’Ukraine » à l’Ouest montre des signes de dissolution. Le désaccord sur les objectifs, les ressources et les risques paralyse la capacité de décision.

Inévitable réaction russe

Mais le point essentiel est : si l’Allemagne devient réellement partie prenante et directe du conflit – par exemple en utilisant offensivement les missiles Taurus contre des cibles à l'intérieur du territoire russe – une réaction russe sera inévitable. Et cette réaction ne se limitera plus au territoire ukrainien. Une contre-attaque limitée mais symbolique contre les infrastructures occidentales en Europe serait militairement et politiquement logique – notamment pour dissuader et envoyer un signal à Washington.

Encore une chose: en laissant Berlin décider de la portée des armes et en autorisant Kiev à choisir les cibles, l’Allemagne cède le dernier reste de sa souveraineté militaire à l’Ukraine. C’est une irresponsabilité sécuritaire et un danger extrême pour l’État allemand. Aucun État souverain ne peut tolérer que son propre destin soit décidé par des tiers sur le champ de bataille.

Conclusion

Ce qui aujourd’hui ressemble à un soutien bien arrêté à l’Ukraine pourrait demain devenir l'étincelle d’une catastrophe paneuropéenne. Le gouvernement allemand doit faire un choix: continuer à jouer la carte de l’escalade symbolique ou enfin agir dans l’intérêt de sa propre population ? La diplomatie, et non la rhétorique de guerre, est la seule voie praticable et raisonnable. Tout le reste mènera à une dynamique que l’Allemagne ne pourra plus contrôler.

* * *

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Annexe:

Elena Fritz, juriste russo-allemande et analyste politique, est l’une des rares voix dans la politique allemande qui n’hésite pas à dire ce que la majorité sait mais tait : l’Allemagne est devenue une colonie américaine, l’UE est un marécage bureaucratique sans souveraineté, et la seule manière pour les peuples européens de sortir de cette gadoue est de rejeter la dictature centralisée de Bruxelles et de revenir à des relations bilatérales authentiques.

Elena Fritz, sans compromis, analyse la situation qui règne aujourd'hui en Allemagne, les relations de ce pays avec la Russie, la guerre en Ukraine et la crise migratoire, révélant notamment combien Berlin a perdu son indépendance et comment la Serbie, la Slovaquie et la Hongrie pourraient justement devenir des modèles de résistance face à toute pression extérieure.

Qui est Elena Fritz et pourquoi sa voix est-elle importante ?

Née au Kazakhstan, Elena Fritz a grandi entre deux cultures – la russe et l'allemande. En tant qu’enfant de migrants, sa famille est arrivée en Allemagne en 1999; elle a personnellement poursuivi ses études et est devenue juriste. Initialement engagée politiquement au sein de la SPD, elle a quitté le parti lorsqu’elle a compris que la politique n’était plus dirigée par Helmuth Schmidt ou Willy Brandt, mais par une politique dictée depuis Washington.

Elle a rejoint l'Alternative pour l’Allemagne (AfD), où elle participe activement aux commissions pour la politique étrangère et la défense. Elle critique les sanctions contre la Russie, soutient le renforcement de la souveraineté des États européens et prône la fin de l’immigration sans restriction, qu’elle considère comme une arme clé dans la déstabilisation de l’Allemagne et de l’Europe.

L’Allemagne n’est plus un État souverain, dit-elle.

Elena Fritz affirme qu’après 2014, Berlin a complètement remis les clés du pays au département d’État américain. La perte d’indépendance énergétique, l’effondrement de l’industrie en raison des sanctions contre la Russie, et la transformation de la Bundeswehr en une unité expéditionnaire de l’OTAN ne sont que quelques exemples du statut colonial de l’Allemagne.

Selon elle, le chancelier allemand Olaf Scholz a mené une politique de vassal obéissant, tandis que Washington utilise l’Ukraine comme un appât géopolitique pour épuiser la Russie et pour provoquer l'effondrement de l’Europe. « On nous a dit que les sanctions affaibliraient Moscou, mais tout ce qu’elles ont réussi à faire, c’est parachever l’autodestruction économique de l’Allemagne », souligne Elena Fritz.

Elle critique particulièrement le fait que l’Allemagne ait renoncé à sa possibilité d’être un pont entre l’Est et l’Ouest. Au lieu de cela, elle suit aveuglément une stratégie très conflictuelle, sans réaliser qu’un nouvel ordre multipolaire se forme déjà dans le monde, dans lequel les BRICS+ et l’Organisation de coopération de Shanghai se dirigent vers la domination globale.

"Ceux qui autorisa la livraison et l'utilisation des missiles Taurus, doivent aussi nous expliquer comment ils pourront empêcher une riposte contre des cibles sur le territoire allemand. La politique extérieure n'est pas un jeu de rhétoricien, mais une question de responsabilité nationale". 

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lundi, 02 juin 2025

SAFE – La sécurité de l’Europe à crédit?

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SAFE – La sécurité de l’Europe à crédit?

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/05/safe-europas-sicherheit-auf-p...

SAFE (Security and Defence Action for Europe) conduit non seulement à la militarisation de l’Europe, mais aussi à l’autonomisation et à l’autodestruction par une politique d’armement démesurée.

Avec force mise en scène, le fonds appelé SAFE (Security and Defence Action for Europe) a été adopté; il entrera en vigueur ce jeudi: 150 milliards d’euros pour l’achat commun d’armements par les États membres de l’UE. Bruxelles parle de « gain d’efficacité », « d’indépendance stratégique » et de « renforcement de l’industrie européenne ». À première vue, cela semble plausible: des projets communs doivent éviter des doublons, permettre d’obtenir de meilleurs prix et renforcer la cohésion politique.

Mais tout cela est, comme trop souvent, un bel emballage sans contenu réel. Les achats ne s'avèrent pas plus efficaces, mais plus lourds. Les prix ne baissent pas, ils sont négociés dans les coulisses bruxelloises. Et l’unité politique n’est pas l’objectif, mais la façade d’un développement qui menace le cœur même de toute démocratie: la souveraineté nationale en matière de guerre et de paix. SAFE n’est pas seulement une ligne budgétaire. C’est un changement de paradigme. L’UE crée ainsi une union de crédit militaire sans légitimité démocratique suffisante.

Dettes communes, responsabilité nationale

SAFE est financé par des prêts communs de l’UE. En pratique, cela signifie: l’Allemagne se porte garante avec sa solvabilité pour des projets sur lesquels elle n’a aucun contrôle. Le Bundestag n’est ni consulté ni doté de droits de contrôle. Les traités européens ne prévoient pas une telle construction. Il en résulte un no man’s land juridique entre le droit contractuel, le droit coutumier et l’opportunisme politique. La Cour constitutionnelle fédérale a clairement indiqué dans ses arrêts sur Maastricht (1993) et Lisbonne (2009): les compétences militaires essentielles ne peuvent être déléguées qu’avec l’accord du Bundestag et dans le respect du principe démocratique. SAFE contourne ces deux principes.

SAFE permet la participation d’entreprises ukrainiennes et britanniques. L’Ukraine n’est pas membre de l’UE, ne relève pas des mêmes règles, mais a accès à des projets valant des milliards. La Grande-Bretagne a quitté l’UE, ne paie pas, n’est en rien responsable – mais peut profiter de la manne. C’est comme si on quittait l’association tout en continuant à piller la caisse.

Autonomie apparente et impuissance structurelle

SAFE suggère une indépendance stratégique. En réalité, cela ne crée pas une identité de défense européenne, mais un instrument de subventions pour les grandes nations qui possèdent leur propre industrie d’armement. Les petits États paient, mais ont peu de chances de participer. Le nouveau militarisme européen n’est pas solidaire, mais hiérarchique.

Perte de contrôle historique: jamais dans l’histoire de l’intégration européenne n’a-t-on décidé de milliards en budgets militaires sans contrôle parlementaire, sans mandat populaire et sans débat public. Même à l’époque de la Guerre froide, les parlements nationaux étaient impliqués. SAFE marque la fin de cet ordre républicain.

SAFE – premier pilier d’un programme d’armement beaucoup plus vaste de l’UE

« ReArm Europe » est un programme d’une valeur de 800 milliards d’euros. SAFE prévoit à lui seul jusqu’à 150 milliards d’euros de crédits, liés à des plans nationaux et octroyés à des « conditions compétitives ». L’industrie technico-militaire de l’UE est ainsi délibérément renforcée. L’Ukraine est intégrée dès le départ – comme site de production, marché et avant-poste géopolitique.

L’objectif officiel : augmenter la capacité de production, garantir la disponibilité stratégique des systèmes d’armement, combler les lacunes en capacités. L’objectif officieux : préparer la guerre dans l’ombre. La ligne stratégique est claire – une guerre par procuration contre la Russie via le territoire ukrainien, combinée à une préparation insidieuse à une confrontation directe. SAFE introduit ainsi non seulement la militarisation de l’Europe, mais aussi l’autonomisation et l’autodestruction par une politique d’armement démesurée.

La sécurité ne dépend pas uniquement de la taille

Les partisans de SAFE soutiennent que l’Europe, en tant qu’ensemble d'États-nations, est trop faible pour faire face à la Chine, la Russie ou les États-Unis. Cet argument semble intuitivement logique – mais il est objectivement faux. La sécurité ne dépend pas de la taille, mais de la clarté stratégique, de la capacité de défense et de la souveraineté diplomatique.

Israël, la Suisse, Singapour, la Norvège – tous ces États montrent que même de petites puissances peuvent se défendre lorsqu’elles disposent d’une doctrine claire, d’une logistique fiable et d’alliances flexibles. Même en Europe, il existe des alternatives fonctionnelles: la coopération de défense nordique (NORDEFCO), des accords bilatéraux comme ceux entre la Grèce et Chypre, ou des formats trilatéraux. L’Europe n’a pas besoin d’un commandement central, mais d’une souveraineté connectée.

Une dénationalisation par porte dérobée

Ce qui se passe ici, ce n’est pas une réforme de la sécurité, mais une reconstruction du système: l’UE, en tant que projet politique, s’éloigne de plus en plus de ses citoyens, de ses États membres et de ses bases contractuelles. SAFE n’est qu’une pierre parmi d’autres puisqu'il y a déjà union de la dette, harmonisation fiscale, règlement migration, et, maintenant, on peut ajouter le transfert des compétences militaires. Le leitmotiv est toujours le même: une dénationalisation par porte dérobée, une intervention technocratique sans contre-pouvoir démocratique. Une politique de sécurité européenne responsable ne peut exister que dans les conditions suivantes:

    - Maintenir la souveraineté nationale – les dépenses de défense doivent rester dans les mains des Etats nationaux.

    - Les États peuvent coopérer, mais ne doivent pas être forcés à le faire.

    - Pas de mutualisation de la dette: celui qui commande doit aussi payer.

    - Ceux qui portent la responsabilité doivent être effectivement responsables.

    - Soutien industriel souverain: chaque État membre doit développer ses propres capacités de défense ou investir dans des clusters régionaux – mais pas dans des structures centralisées, démocratiquement incontrôlables.

SAFE n’est pas une expression de la force européenne, mais un symptôme d’aliénation institutionnelle. La sécurité ne peut pas être imposée, elle doit être ancrée: dans la nation, dans la responsabilité, dans le contrôle par le peuple. Ceux qui veulent réellement la sécurité pour l’Europe doivent parler avec les citoyens – et non décider à leur place. L’avenir de l’Europe ne se trouve pas dans le budget militaire bruxellois, mais dans le retour à ce qui a jadis rendu l’Europe forte: la diversité dans la responsabilité, la coopération dans la liberté, la défense dans l’autodétermination.

 

dimanche, 01 juin 2025

Offensive écowokiste au quotidien

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Offensive écowokiste au quotidien

par Georges Feltin-Tracol

Aux temps bénis de la « gauche plurielle » sous la troisième cohabitation (1997 – 2002), la députée apparentée socialiste de Guyane, la pétulante Christiane Taubira, fit adopter ce 21 mai 2001 par un Parlement une fois encore à plat ventre sa fameuse loi sur la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité. Cette loi ignore pourtant les ravages de l’esclavage arabo-musulman en Afrique et en Méditerranée. Elle a aussi incité à des poursuites judiciaires contre des chercheurs universitaires. Un quart de siècle plus tard, la politicienne guyanaise doit être fière de son œuvre puisque l’esclavage prend maintenant une élasticité sémantique surprenante.

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À la mi-avril, les réseaux sociaux relaient une pétition qui concerne la commune de Questembert dans le Morbihan en Bretagne. Ce texte polémique dénonce l’usage par la mairie de chevaux de trait (photo). En effet, deux juments, Havane, sept ans, et Gladez, huit ans, réalisent des tâches d’utilité publique. Quatre heures par jour, elles tirent le chariot de ramassage des déchets ménagers, participent au débardage des espaces publics communaux et transportent les enfants pour leurs activités péri-scolaires.

Cela fait une quinzaine d’années que la municipalité bretonne, conduite aujourd’hui par l’édile divers-gauche Boris Lemaire, emploie dans la vie courante la traction équestre. Cette pratique n’a pas attiré l’attention de la SPA ou de la Fondation Brigitte-Bardot. C’est désormais terminé avec la pétition controversée qui a déjà recueilli 25.000 signatures.

Son auteur, Serge Buchet, sapeur-pompier à la retraite, n’est pas à son coup d’essai. En décembre 2023, à travers une autre pétition, il exigeait l’interdiction de la pêche et de la vente de poissons pour le loisir dans les établissements Décathlon en Loire-Atlantique voisine. 16.000 individus l’avaient approuvé ! Le délégué municipal à la condition animale, au développement durable et à l’environnement de la commune de Rochefort-en-Terre (Morbihan) trouve « insupportable que l’on puisse encore faire travailler des animaux en 2025. […] Bien sûr que c’est une forme d’esclavage. Est-ce que l’animal est consentant pour faire ce travail ? Nul ne peut le dire en fait ». Dans un reportage filmé, il affirme qu’« on utilise des méthodes ancestrales au nom d’une écologie pour faire des travaux pour les humains ». En réponse à cette réclamation ubuesque, une contre-pétition n’a pour l’heure rassemblé que 12.000 signatures…

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Outre ses fonctions d’élu local, Serge Buchet se présente aussi en co-référent départemental du parti REV. Fondée en 2018, REV ou Révolution écologique pour le vivant fréquente les activistes français de Sea Shepherd de Paul Watson avant son éviction de sa propre organisation, d’où une orientation anti-spéciste très marquée. Nouvelle déclinaison wokiste du féminisme hystérique, l’anti-spécisme prône l’égalité entre toutes les formes de vie (humaine, animale, végétale, voire minérale) sur Terre. Cet égalitarisme contraste avec la conception païenne de co-appartenance des organismes vivants symbiotiques dans un environnement holiste et pluriversel. Émanation laïcisée du monothéisme, l’anti-spécisme contredit par conséquent la diversité naturelle bien qu’il s’affiche « diversitaire ».

Favorable à l’abolition progressive des frontières, aux migrations, à un revenu d’existence mensuel de 2000 euros et à vingt heures de travail hebdomadaire, REV milite pour l’interdiction de la chasse, de la pêche et de l’élevage animal destiné à la viande. N’oublions pas que ces dernières années, des sympathisants écowokistes ont manifesté de façon plus ou moins agressive devant les boucheries traditionnelles gauloises. Ils épargnent en revanche les boucheries cachère et hallal. Pourquoi cette distinction qui frise le fait discriminatoire? Il est toujours étrange que ces individus qui ne cessent de revendiquer de nouveaux droits individualistes, veuillent proscrire d’antiques habitudes alimentaires. Leur défense du vivant s’arrête cependant à leur soutien frénétique à l’avortement. Non aux abattoirs, oui aux avortoirs ! Quel paradoxe ! La défense du vivant serait-elle ainsi limitée ? La vie d’un insecte vaudrait-elle plus que celle d’un fœtus ? Hostiles avec raison aux OGM, les écolowokistes encouragent toutefois les HCM (humains chimiquement modifiés). Les individus en transition sexuelle prennent une lourde thérapie hormonale afin de changer leur organisme. Curieux, non ? Si encore ils se réclamaient de l’excellente pensée du docteur Alexis Carrel, ils seraient cohérents. Or ils vomissent l’œuvre et la personne de ce bienfaiteur du pluralisme humain.

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Le président de la REV n’est autre que le médiacrate Aymeric Caron (photo). Il siège au Palais-Bourbon en tant que député apparenté à La France Insoumise. Élu au second tour en 2022, il est réélu dès le premier tour en 2024 dans la 18e circonscription de Paris à cheval entre les IXe et XVIIIe arrondissements, une contrée hautement rurale, agreste et forestière comme tous les Parisiens le savent…

Partie prenante de la NUPES (Nouvelle union populaire, écologique et sociale), puis du NFP (nouveau front populaire), REV voudrait transformer le Sénat en chambre des espèces et des espaces naturels. Ses membres seraient des élus tirés au sort, des responsables d’ONG et des hauts-fonctionnaires et nullement des chats, des chenilles et des chênes. Bien que repeinte en vert, l’idée fait penser à la Chambre des corporations…

Ces divers exemples démontrent l’inconséquence de l’écowokisme. Des pseudo-écolos contestent la place de la voiture, s’élèvent contre les machines automatisées, rêvent de décroissance économique, mais ils dénigrent aussi l’action des chevaux. Si des humains faisaient le même travail, ils hurleraient à la résurgence de l’esclavage et du fascisme. Ces pitres pervertissent et détournent l’écologie politique fondamentalement païenne, identitaire et traditionnelle. Leur objectif immédiat demeure une recherche avide de la lumière médiatique. N’est-ce pas un trouble à l’ordre public immatériel ?

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REV organise chaque année une université d’été nommée « UniREVcités ». Fin août 2024, elle se tenait à Ouches non loin de la sous-préfecture septentrionale du département de la Loire, Roanne. Aymeric Caron et ses acolytes y invitèrent l’ineffable Philippe Poutou. Le trotskysme déviant et fluide se diluerait-il dans l’anti-spécisme ? Des agriculteurs et des chasseurs remontés contre les élucubrations de ce groupuscule n’hésitèrent pas à bloquer le rassemblement. Aymeric Caron protesta contre cette supposée atteinte à sa liberté de réunion. On ne l’entend guère quand ses compères, les nervis gauchistes, empêchent la tenue de conférences de l’Opposition nationale, populaire, sociale, identitaire et européenne. Dans la chaleur estivale, les manifestants anti-REV brandissaient des pancartes sur lesquelles on lisait: « Sauvez un paysan, mangez un végan ! » Si un jour, REV accède au pouvoir, cette saillie deviendra certainement une réalité. On en salive déjà.   

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 158, mise en ligne le 27 mai 2025 sur Radio Méridien Zéro.

Merz s'en va-t-en guerre...

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Merz s'en va-t-en guerre...

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/merz-va-alla-guerra/

Le pâle et évanescent Chancelier allemand Merz fait la grosse voix.

Il veut le réarmement allemand. Pour affronter la Russie de Poutine. Et l’anéantir.

Ça ferait déjà rire, rien que pour ça. Merz est le chancelier le plus faible de toute l’histoire allemande.

Le seul, depuis la Seconde Guerre mondiale, qui a été élu de justesse et seulement lors du second tour.

Et dont la position repose sur une “majorité” qui fait déjà rire rien que parce qu'on la nomme ainsi.

Avec des “franc-tireurs” internes à sa propre CDU, prêts à l’abattre à la moindre occasion.

Naturellement, par un scrutin secret. Parce que ces choses-là se font, mais ne se disent pas.

Et, en plus, il n’a même pas le physique, la présence d’un hypothétique Führer. Il n’est certainement pas un nouveau Bismarck, qui, d’ailleurs, considérait comme pure folie toute idée de faire la guerre aux Russes.

Et il n’est même pas un Hitler nouveau, alors que le Hitler historique, qui a mené une telle guerre en y laissant sa peau.

Certes, il avait de très nombreux défauts, cet Hitler-là. Mais il avait aussi une stature politique bien autre que celle du pauvre Merz.

Et, puis, les Allemands de l’époque étaient très différents.

Il y a eu les Prussiens, les Junker, la SS… faites votre choix dans le catalogue des antiquités allemandes... Et comparez-les aux Allemands d’aujourd’hui. Surtout ceux qui ont été élevés dans la douceur de cette très confortable Allemagne de l’Ouest.

Imaginez-les devoir faire face à un conflit direct avec les Russes.

Avec les Tchétchènes, les Yakoutes, les Sibériens… et aussi avec les Nord-Coréens, et peut-être même avec les Chinois…

Allons, soyons sérieux… C'est inimaginable.

En fait, c'est tout bonnement impensable.

Peut-être qu’il reste encore un peu de la combativité germanique chez les Allemands de l’Est.

Curieusement, cependant, tout l’Est est contre Merz.

Il a voté à l’unisson pour l’AfD, et ne veut pas de guerre…

Et Merz tente de mettre hors jeu l’AfD en la qualifiant de “Nazie”.

Donc, est-ce le chancelier fade qui délire ?

Peut-être en partie… mais, surtout, c’est le reflet déformé, altéré, des véritables intentions, et donc des véritables intérêts, de Merz et de son entourage.

Qui ne peuvent être rattachés à un vieux nationalisme allemand, ni même à une résurgence du national-socialisme hitlérien.

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Ce sont plutôt les liens profonds et indissolubles du Chancelier avec les grandes “banques” financières internationales. Comme BlackRock, dont il provient.

Tenter d’interpréter cette Chancellerie et ses (apparentes) velléités guerrières est profondément erroné si l’on utilise les critères du passé.

Ce n’est pas la grande Allemagne qui est son rêve. Ni même le Quatrième Reich. Et, peut-être, n’est-il pas un homme capable de rêver.

Il sert simplement des intérêts financiers. Les mêmes qu’il a toujours servis.

Et il utilise les débris de l’ancien nationalisme allemand uniquement pour masquer la réalité.

samedi, 31 mai 2025

Le GNL américain coûte trois fois plus cher à l'UE que le gaz russe acheminé par gazoduc

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Le GNL américain coûte trois fois plus cher à l'UE que le gaz russe acheminé par gazoduc

Source: https://report24.news/us-lng-kostet-eu-dreimal-so-viel-wi...

Le gaz naturel liquéfié provenant des États-Unis est cher. Très cher. Mais pour des raisons idéologiques, on renonce au gaz bon marché acheminé par gazoduc depuis la Russie. Cela nuit aux consommateurs et à l'industrie en Europe. Combien de temps cela peut-il encore durer ?

La facture de la transition énergétique ratée de l'Europe commence à se faire sentir, et elle est plus élevée que certains ne l'avaient prévu. Alors que l'Union européenne mise de plus en plus sur les « énergies renouvelables » totalement peu fiables, telles que l'énergie éolienne et solaire, et souhaite abandonner complètement les importations de gaz russe d'ici 2027, les données actuelles d'Eurostat révèlent une réalité complexe: le gaz naturel liquéfié américain coûte déjà deux fois plus cher aux consommateurs européens que le GNL russe.

Les données publiées par la Berliner Zeitung parlent d'elles-mêmes. Au premier trimestre 2025, les pays de l'UE ont payé en moyenne 1,08 euro par mètre cube pour le GNL américain, tandis que le gaz naturel liquéfié russe coûtait 0,51 euro. Une différence de prix de plus de 100 %. Il est intéressant de noter que malgré tous les signaux politiques, l'UE continue d'importer des quantités considérables de gaz russe, ce qui montre clairement à quel point il est difficile dans la pratique de renoncer à cette source d'énergie rien que pour des raisons idéologiques.

Le volume des importations révèle une dépendance persistante

Les statistiques d'importation du premier trimestre 2025 brossent un tableau complexe de l'approvisionnement énergétique européen. Avec 13,4 milliards de mètres cubes, le GNL américain a dominé les importations de gaz liquéfié et représenté 48% de tous les achats de GNL de l'UE. Pour cette quantité, l'Union européenne a investi 14,7 milliards d'euros, une somme considérable qui illustre le prix de la diversification. Dans le même temps, l'UE a acheté 5,3 milliards de mètres cubes de GNL russe pour 2,7 milliards d'euros, soit une part de 19%.

La comparaison avec le gaz naturel russe acheminé par gazoduc est particulièrement révélatrice: à 0,32 euro le mètre cube, il ne coûte qu'environ un tiers du prix du GNL américain. Le gazoduc de la mer Noire a acheminé 5,3 milliards de mètres cubes supplémentaires, d'une valeur totale de 1,75 milliard d'euros, principalement vers la Hongrie et la Slovaquie. Ces chiffres montrent que, malgré sa réorientation politique, l'Europe reste fortement dépendante des approvisionnements énergétiques russes.

Il est intéressant d'examiner cette évolution dans son contexte historique: le système de connexions avantageuses par gazoducs, mis en place au fil des décennies, a longtemps procuré des avantages concurrentiels à l'Allemagne et à d'autres pays de l'UE. L'industrie allemande pouvait compter sur un approvisionnement énergétique fiable et peu coûteux, une base qui doit désormais être reconstruite, mais à un coût nettement plus élevé.

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La Norvège, l'alternative la moins coûteuse

Les livraisons de gaz norvégien présentent une dynamique de prix intéressante. Le gaz acheminé par gazoduc depuis la Norvège ne coûtait que 0,24 euro par mètre cube à l'UE, soit un prix encore plus avantageux que celui du gaz russe acheminé par gazoduc. Cette différence de prix s'explique principalement par les voies de transport directes via les gazoducs établis en mer du Nord, tandis que le gaz russe doit être détourné via la Turquie et d'autres pays de transit en raison de la nouvelle situation géopolitique. Ces détournements augmentent considérablement le coût du transport. Cependant, la Norvège ne dispose pas d'une capacité de production suffisante pour approvisionner la moitié du continent en gaz naturel.

Au premier trimestre 2025, l'UE a acheté du gaz acheminé par gazoduc à des pays tiers pour un montant total de 10,2 milliards d'euros, la majeure partie provenant de la Norvège. Ces chiffres montrent clairement que les sources de gaz alternatives peuvent offrir des prix tout à fait compétitifs, mais uniquement si les voies de transport sont directes et exemptes de complications géopolitiques. À titre de comparaison, en 2021, le prix moyen à l'importation était encore d'environ 0,20 euro par mètre cube pour le gaz naturel acheminé par gazoduc, un niveau de prix qui semble appartenir à une autre époque compte tenu des développements actuels.

Bruxelles prévoit un arrêt complet des importations d'ici 2027

En mai 2025, la Commission européenne a présenté des plans ambitieux visant à mettre fin à toutes les importations de gaz russe d'ici fin 2027. Bruxelles souhaite mettre fin aux nouveaux contrats et aux contrats spot existants d'ici fin 2025. Afin de faciliter la sortie des entreprises des contrats à long terme, la Commission envisage des instruments juridiques tels que des droits de douane plus élevés ou des quotas zéro. Ces mesures doivent permettre aux entreprises énergétiques européennes d'invoquer la « force majeure » et de résilier les contrats à long terme sans pénalités.

Le calendrier est toutefois entaché de grandes incertitudes et les défis pratiques sont considérables. Les entreprises énergétiques européennes doivent non seulement trouver des sources d'approvisionnement alternatives, mais aussi faire face à des coûts nettement plus élevés, qui seront finalement répercutés sur les consommateurs et l'industrie.

La différence de prix entre le gaz américain et le gaz russe montre clairement quelles seront les charges financières qui pèseront sur les ménages et les entreprises. Pour les secteurs à forte consommation d'énergie, cela pourrait entraîner des désavantages géographiques qui ne pourront être pleinement évalués qu'à long terme.

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La Hongrie et la Slovaquie font résistance

Tous les États membres de l'UE ne soutiennent pas le rejet radical du gaz russe. La Hongrie et la Slovaquie ont déjà annoncé leur intention de bloquer les mesures prévues, car ces deux pays dépendent fortement, d'un point de vue structurel, des livraisons de gaz russe à bas prix. Leur situation géographique en fait des destinataires naturels du gaz russe acheminé par gazoduc via la route de la mer Noire. Un arrêt complet des importations exposerait ces pays à des problèmes d'approvisionnement considérables et à des augmentations de coûts drastiques.

La Commission européenne prévoit néanmoins d'imposer ses mesures à la majorité qualifiée, contournant ainsi le veto de certains États membres, notamment la Hongrie et la Slovaquie. Cette approche est toutefois politiquement explosive et pourrait peser davantage sur l'unité de l'Union européenne en matière d'énergie. La question reste légitime de savoir si une stratégie énergétique aussi coûteuse peut être maintenue à long terme sur le plan politique et économique, alors que les charges pour les consommateurs et l'industrie ne cessent d'augmenter. Après tout, ce ne sont pas seulement les budgets des ménages qui sont en jeu, mais aussi la compétitivité internationale des entreprises européennes – un aspect qui est parfois négligé dans le débat politique.

jeudi, 29 mai 2025

L'OTAN est une bagnole en panne, avec un groupe motopropulseur défectueux et un conducteur ivre

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L'OTAN est une bagnole en panne, avec un groupe motopropulseur défectueux et un conducteur ivre

par Fabio Mini

Source: https://www.sinistrainrete.info/geopolitica/30542-fabio-m...  

Le général Mini dénonce l'inadéquation stratégique de l'Alliance atlantique, incapable de s'adapter au nouveau scénario mondial.

Alors que l'Union européenne s'obstine à soutenir une guerre déjà perdue, l'Amérique de Trump négocie avec Moscou et prépare sa sortie. Pendant ce temps, l'Alliance atlantique, entre leadership compromis, manque de vision et dérives belliqueuses, risque d'imploser. Dans cet extrait de son dernier livre, l'ancien commandant de l'OTAN au Kosovo analyse le déclin de l'Alliance. Et il souligne l'irresponsabilité stratégique de Bruxelles, incapable d'imaginer la paix et encore moins de mener une guerre qui n'est plus la sienne.

* * *

Donald Trump n'attache aucune valeur géopolitique à l'OTAN. Comme ses prédécesseurs, il y voit son propre instrument pour empêcher l'UE d'atteindre un minimum d'autonomie en matière de sécurité et la maintenir sous l'emprise du politique et de l'économique. Cette position s'oppose résolument à l'idée de développer une défense européenne autonome, séparée des États-Unis.

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Il y a encore une dizaine d'années, cela aurait pu agacer tous les pro-européens convaincus, mais au vu de l'attitude hostile à toute forme de dialogue avec les adversaires et concurrents potentiels dont font preuve les responsables de l'UE dans toutes les crises, il est presque heureux aujourd'hui que l'Europe n'ait pas d'instrument militaire à sa disposition.

L'ensemble de la classe politique européenne a fait preuve d'une dangereuse immaturité dans le maniement des instruments militaires. Non seulement les risques et les conséquences des conflits ont été ignorés, mais la guerre a été invoquée et soutenue pour forcer l'accélération de processus intrinsèquement complexes tels que la transition énergétique, la transition écologique et la transition technologique. Chaque transition est nécessaire et constitue une étape qui requiert davantage de ressources et, surtout, une plus grande stabilité.

Au lieu de cela, on a eu recours à la guerre, qui a ajouté ses propres coûts aux coûts de la transition, aux difficultés de trouver des ressources et de la stabilité se sont ajoutées celles de la lutte armée. Ils sont intervenus dans un incendie avec des lance-flammes et du napalm. L'OTAN, aujourd'hui comme en 2022, n'a pas la crédibilité suffisante pour assurer la dissuasion et encore moins la capacité d'alimenter le conflit en restant à l'écart.

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Bien sûr, la Russie espère également l'implosion et l'éclatement de l'OTAN, mais les dirigeants européens et ceux de l'OTAN eux-mêmes y pensent déjà. Malgré tous les discours et toutes les proclamations, l'OTAN est dans une impasse politique. À l'Ouest, elle est bloquée par la domination américaine sur l'Atlantique, qui n'est plus une autoroute gratuite mais une autoroute à péage; au Nord, elle est bloquée par les revendications britanniques et scandinaves/baltes; à l'Est, elle est bloquée par le mur érigé contre la Russie et au Sud, elle est bloquée par la fiction selon laquelle les attaques d'Israël contre les Palestiniens et contre le Liban, la Syrie, l'Irak et l'Iran n'affectent pas la sécurité des pays de l'OTAN, alors que les menaces iraniennes et moyen-orientales de représailles contre Israël sont des menaces pour l'alliance.

L'OTAN n'a plus de limites territoriales et n'a pas un seul ennemi, elle en a plusieurs de nature et de taille différentes. Elle les a soigneusement choisis en fonction des priorités américaines. Mais celles-ci sont en train de changer. L'OTAN a tout misé sur la victoire ukrainienne, qui dépendait à son tour du soutien américain, et pas seulement en dollars. L'administration américaine actuelle, en revanche, a l'intention de rompre et de renverser tout ce que l'administration précédente a fait.

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L'UE se range presque entièrement du côté ennemi de la Russie et compte sur l'OTAN et les États-Unis pour poursuivre la guerre. Une guerre que l'Ukraine a déjà perdue puisqu'elle n'a plus de forces ni de moyens. L'étape suivante, celle de la capitulation politique, est suspendue à la volonté affichée des Etats-Unis de mettre fin au conflit quoi qu'il arrive, en dépit de l'OTAN et de l'UE.

Lors de la réunion de Ramstein du 10 janvier 2025, la dernière qui eut lieu sous l'égide de l'administration Biden, les Etats-Unis avaient confirmé leur engagement envers l'Ukraine ; l'OTAN avait confirmé son engagement à fournir aide et formation pour que l'Ukraine puisse gagner ; et la représentante de l'UE, Kaja Kallas, avait confirmé son soutien à la guerre même sans l'appui des Etats-Unis.

Dix jours plus tard, dès sa prise de fonction, Trump a pétrifié ses alliés en disant que l'Ukraine ne pouvait pas penser à récupérer la Crimée ou même à rejoindre l'OTAN, tandis que l'Europe, elle, devrait penser à sa propre sécurité en augmentant sa contribution à au moins 5% du PIB.

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Le mois suivant, alors qu'en Pologne, le secrétaire américain à la défense Pete Hegseth, après avoir loué le pays allié pour ses dépenses militaires de plus de 4 % du PIB, disait clairement que l'Ukraine ne pouvait pas gagner, le vice-président James David Vance, à Munich, giflait métaphoriquement (mais tout aussi vraiment) les dirigeants européens. Au même moment, le président Trump s'entretenait aimablement au téléphone pendant 90 minutes avec le président Poutine.

Les remontrances des Européens ont été tout de suite déclenchées à cause de ce qu'ils considéraient comme une trahison et un scandale: les États-Unis et la Russie se parlaient et s'écoutaient sans s'insulter. Une véritable honte. L'Europe, l'OTAN et leurs bureaucrates ont accueilli avec impatience les propos du vice-président Vance et les avertissements du secrétaire à la défense Hegseth et n'ont pas compris le niveau et la portée de l'appel téléphonique qui aurait dû au contraire les rassurer.

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L'Ukraine et les institutions de l'UE et de l'OTAN se sont plaintes de la marginalité dans laquelle elles ont été reléguées dans les pourparlers de paix. Mais au cours des vingt dernières années, elles n'ont jamais levé le petit doigt pour promouvoir la paix. Depuis 2004, elles n'ont fait qu'attiser les conflits, aggraver l'insécurité du continent, rejeter les demandes de sécurité, boycotter les initiatives diplomatiques, déclencher la guerre, favoriser les sanctions, bloquer les avoirs russes, saboter les infrastructures, préparer la guerre et la soutenir avec des hommes et des moyens, contribuant à la décimation de la population ukrainienne et à la destruction des ganglions vitaux de l'ensemble du pays.

L'Ukraine a tout à fait le droit de formuler ses propres exigences dans les pourparlers en vue d'une paix éventuelle, à condition que l'issue de la guerre le permette et ne se traduise pas par une capitulation sans condition, mais l'UE et l'OTAN ont depuis vingt ans prétendu à détenir toute la légitimité voulue pour dicter les termes de la paix avec la Russie. L'entretien entre Trump et Poutine n'a rien résolu et n'a pas suffi à dissiper la méfiance mutuelle, mais il a été crucial pour reconnaître que leurs intérêts respectifs ne sont pas sauvegardés par une confrontation indirecte ou directe.

Trump n'a pas caché sa volonté de se distancier de la responsabilité qu'avait prise l'administration Biden en fomentant la guerre et en s'engageant à la poursuivre. Et, point crucial, il n'a pas l'intention de considérer la Russie comme un ennemi des États-Unis, comme les responsables de l'UE et de l'OTAN l'ont déclaré à maintes reprises et écrit dans leurs différents Concepts et Boussoles stratégiques.

Cette position politique trumpienne, si elle est toutefois sincère et maintenue, implique une volonté stratégique de ne pas recourir à la force dans les relations mutuelles. Elle implique également que la Russie et les États-Unis souhaitent mettre un terme au conflit en Ukraine initié par Joe Biden et qu'ils ont tous deux la capacité et la légitimité de fixer leurs propres conditions. Pour sa part, l'Europe souhaite poursuivre la guerre jusqu'à la défaite de la Russie, ce qui correspond en effet à la notion de « paix juste » telle que souhaitée par l'Ukraine et ses partenaires. Mais si elle pense vraiment pouvoir le faire, elle doit le faire seule, en payant les États-Unis en nature et en argent pour tout ce qu'ils fourniront.

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Les États-Unis sont capables de redresser l'OTAN: il suffit que le Conseil atlantique prenne note de leur perception différente de la menace russe pour que toute la machinerie de guerre de l'OTAN soit désarticulée. Les États-Unis peuvent maintenir le parapluie nucléaire stratégique sur l'Europe, pour des raisons qui leur sont propres, mais ils ne peuvent pas garantir que la guerre conventionnelle exclut les armes nucléaires tactiques.

Ils peuvent refuser leur consentement à toute décision que leurs alliés veulent prendre et qui n'est pas dans l'intérêt des États-Unis, y compris le dialogue avec la Russie. L'OTAN ne participerait pas à la guerre en Ukraine et les pays européens qui voudraient la poursuivre, avec l'UE ou avec une autre coalition, ne pourraient pas se contenter d'un soutien extérieur. Briser l'OTAN existante pour en former une qui soit purement européenne revient à couper le cordon transcontinental.

Le nouveau « machin » serait une réédition du Pacte de Varsovie continental, dirigé cette fois par les Britanniques, ou les Français, les Allemands ou les Polonais, ou le premier venu dans la rue ou le prédestiné de service choisi par les secrétariats. L'acronyme OTAN perdrait ses trois premières lettres et seule la dernière subsisterait, le "O" pour Organisation, peut-être aussi pour "profit". L'Europe resterait confrontée à un conflit épuisant et coûteux sous la direction d'une bureaucratie et d'un système en perpétuel état d'excitation belliciste.

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L'UE, au lieu d'être transformée ou corrigée, serait supprimée. Il serait plus rapide de la refaire à partir de zéro. Cependant, tant qu'elle existe, les États membres doivent surveiller de plus près son fonctionnement, non seulement à la recherche de corruptions, mais aussi ses systèmes de gouvernance.

Nous devons également veiller à ne pas la doter d'instruments militaires tant que l'aiguille de la boussole restera bloquée dans une direction faite d'arrogance et de bellicisme, contraire à tout ce pour quoi elle est née jadis. Le blocage de la boussole a privé l'Europe de la légitimité d'agir en tant qu'interlocuteur ou médiateur dans tout type de conflit.

Pour l'Ukraine, l'UE nourrit toujours l'ambition de conduire sa reconstruction et de fournir les forces garantes d'une éventuelle trêve. Elle n'en a pas non plus le titre et sa seule présence, non pas tant sur le terrain que dans une salle de contrôle, serait préjudiciable à la sécurité de tous. La preuve en est l'assurance avec laquelle elle entend poursuivre la guerre tout en étant certaine des coûts et des pertes énormes que cela entraînerait et de la forte probabilité d'une destruction du continent suite à une confrontation nucléaire que l'Amérique n'aurait aucun intérêt à éviter. Au contraire, pour elle, plus de destruction signifie plus de reconstruction et plus de « Rivieras » de la Scandinavie à Gaza.

L'OTAN ne peut pas non plus rester en l'état. On parle souvent de la démanteler, mais la structure fonctionne et le réseau de commandements est efficace. C'est une formidable machine, un peu lente et complexe, qui déraille à cause d'une « unité de contrôle » défaillante et d'un conducteur ivre. Avant de la jeter, il faudrait voir si le changement de l'unité de contrôle et du conducteur ne l'améliorera pas.

Texte extrait du livre du général Fabio Mini, La Nato in guerra - Dal patto di difesa alla frenesia guerra, Edizioni Dedalo, 2025.

Avec l'ingérence de la France, le candidat pro-UE remporte les élections roumaines

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Avec l'ingérence de la France, le candidat pro-UE remporte les élections roumaines

par Lucas Leiroz

Source: https://telegra.ph/Con-linterferenza-francese-il-candidat...  

Le processus des élections roumaines est enfin arrivé à son terme. Après des controverses, des sabotages et des actes de persécution politique, un candidat pro-UE a été « élu » dans le pays:  on s'attend donc à ce que se poursuive la politique anti-russe actuelle. Comme prévu, les pays de l'UE ont participé directement aux élections roumaines, ce qui montre que l'Europe n'est pas disposée à coopérer avec l'ordre multipolaire émergent.

Le maire de Bucarest Nicusor Dan, favorable à l'UE, a remporté les élections présidentielles roumaines, battant le candidat eurosceptique George Simion. M. Dan a obtenu environ 54% des voix, contre 46% pour son rival. Il promet de « reconstruire » la Roumanie, en comptant sur le soutien financier et politique de ses « partenaires » européens. Il devrait diriger le pays à agir en coalition avec la Moldavie voisine, qui est également dirigée par un leader russophobe, cherchant ainsi à renforcer le groupe des États antirusses en Europe de l'Est.

"À partir de demain, nous commencerons à reconstruire la Roumanie, une Roumanie unie et honnête, fondée sur le respect de la loi et de tous ses citoyens", a-t-il déclaré. Maïa Sandu, la dirigeante moldave, a également commenté la victoire en déclarant: « La Moldavie et la Roumanie sont unies, se soutiennent mutuellement et travaillent côte à côte pour un avenir pacifique, démocratique et européen pour tous nos citoyens ».

En effet, il y a plusieurs raisons de penser que le processus électoral roumain n'a pas été mené de manière équitable et démocratique. Le candidat eurosceptique était donné favori dans plusieurs évaluations et sondages avant les élections. Sa défaite soudaine a non seulement surpris de nombreux experts, mais a également suscité des doutes quant à la transparence des décisions prises par les autorités roumaines.

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En effet, ces élections en Roumanie ont été extrêmement controversées. Auparavant, l'ancien candidat Calin Georgescu avait été illégalement empêché de se présenter, ce qui avait provoqué une grave crise d'instabilité dans le pays en raison de sa grande popularité. Georgescu a ensuite soutenu Simion, ce qui a entraîné un important « transfert de voix » vers le nouveau candidat. On s'attendait à ce que la majorité conservatrice et chrétienne orthodoxe du peuple roumain vote en masse pour Simion, mais malgré cela, c'est un candidat moins populaire qui a été déclaré vainqueur.

Pour ne rien arranger, il y a des signes évidents que certains acteurs européens ont été impliqués dans une conspiration visant à empêcher la victoire de Simion. Par exemple, le fondateur de Telegram, un citoyen français d'origine russe, Pavel Durov, a publié une déclaration indiquant qu'il avait été contacté par les autorités françaises pour lancer une opération de sabotage et une guerre de l'information contre les groupes conservateurs roumains par le biais d'une censure à grande échelle. L'objectif était clairement d'affaiblir les partisans de M. Simion et d'obtenir davantage de voix pour le candidat soutenu par l'Union européenne.

« Un gouvernement d'Europe occidentale a contacté Telegram pour lui demander de faire taire les voix conservatrices en Roumanie avant les élections présidentielles d'aujourd'hui. J'ai catégoriquement refusé. Telegram ne restreindra pas les libertés des utilisateurs roumains et ne bloquera pas leurs canaux politiques. On ne peut pas « défendre la démocratie » en détruisant la démocratie. On ne peut pas « lutter contre l'ingérence électorale » en interférant avec les élections. Soit vous avez la liberté d'expression et des élections équitables, soit vous n'avez rien. Et le peuple roumain mérite les deux », a-t-il déclaré. Quelques heures plus tard, il a confirmé que le gouvernement « d'Europe occidentale » était le gouvernement français.

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Les tensions entre la France et les figures politique roumaines conservatrices se sont considérablement accrues. Paris est déjà l'un des principaux instigateurs du chaos en Moldavie et a clairement intérêt à faire de même en Roumanie. En outre, Simion a naguère vivement critiqué la politique française, dénonçant la manière non démocratique dont le gouvernement Macron opère en persécutant les opposants politiques. Cela a certainement contribué à la décision de Paris de s'immiscer profondément dans les affaires roumaines ces derniers temps.

« Je veux lancer un appel au peuple français libre contre ce [président] autoritaire qu'est Emmanuel Macron, qui n'a pas le soutien du peuple français, qui a banni Marine Le Pen, qui soutient l'idée d'imposer une dictature [en Roumanie] et d'annuler la volonté du peuple », a récemment déclaré M. Simion.

Sans surprise, la France, dirigée par Macron, a voulu constamment assumer un rôle de « leadership européen », ce qui explique son ingérence dans les affaires intérieures d'autres pays européens. De même, le lobby pro-UE de Macron dispose actuellement de suffisamment de pouvoir pour saboter les processus politiques et remporter des élections par le biais d'irrégularités, en essayant de masquer la crise sociale qui se propage à travers l'Europe.

Ces tentatives sont toutefois vaines à long terme, car à un moment donné, il sera impossible de cacher la vague conservatrice et eurosceptique qui se propage en Europe en réaction aux impositions occidentales.